Entretien

Gaëlle Maindron (Fédération des Cafés-Librairies de Bretagne) : « Le café irrigue la librairie » »

Gaëlle Maindron, présidente de la Fédération des cafés-librairies de Bretagne - Photo Eugénie Martinez

Gaëlle Maindron (Fédération des Cafés-Librairies de Bretagne) : « Le café irrigue la librairie » »

Pourquoi proposer une offre de restauration en librairie ? Quel modèle économique ? Les librairies-cafés doivent-elles s’associer ? A l’occasion du festival d’automne Libres en littérature organisé par la Fédération des Cafés-Librairies de Bretagne, sa présidente, Gaëlle Maindron, revient sur ce concept de salon de thé-magasin de livres, et sa complémentarité avec les médiathèques.

Par Fanny Guyomard
Créé le 19.09.2023 à 10h55 ,
Mis à jour le 24.09.2023 à 16h59

Du 13 octobre au 24 novembre, la Fédération des Cafés-Librairies de Bretagne organise la 13e édition de sa manifestation gratuite « Libres en littérature ». Un événement qui traduit bien l’esprit de ces lieux hybrides, nous raconte sa présidente, Gaëlle Maindron, également co-gérante de Livres in Room, à Saint-Pol-du-Léon (Finistère). 

 

Un nouveau café-librairie dans les Vosges au printemps, la librairie parisienne Violette and Co en cette rentrée, une autre nouvelle en Essonne… Comment expliquez-vous l’engouement de libraires pour le format salon de thé ?

Les espaces café permettent d’organiser des rencontres. Les gens ont envie d’endroits où l’on peut se croiser et échanger, incarnés par un commerçant qui montre un peu qui il est. C’est souvent une personnalité engagée. D'ailleurs, « Libres en littérature », dont le thème est décidé de manière collégiale, est un moment où l’on présente des voix dissidentes. En mêlant lieu de vie et échanges autour de livres, la librairie-café crée les conditions d’un tiers-lieu.

 

En quoi le livre et le café se marient-ils bien ?

La librairie invite à la flânerie, le café permet de se poser le temps d’hésiter, de choisir son livre à l’heure du rendez-vous du goûter avec les grands-parents… Un livre et une boisson chaude ont tous deux ce côté réconfortant. Je conseille surtout de séparer la partie librairie du café, pour que les tables ne soient pas un frein à l’accès au livre.

 

N’entrez-vous pas en concurrence avec les médiathèques, qui développent elles aussi des espaces de restauration ?

On est complémentaires. Beaucoup de librairies-cafés sont situées en milieu rural, donc renforcent le maillage du territoire. Elles proposent des horaires différents des médiathèques, et peuvent inviter des auteurs qui ne sont pas inscrits dans la programmation des bibliothèques, préparée plusieurs mois à l’avance. Les médiathèques qui ont de petits budgets d’animation sont ravies d’accueillir nos rencontres !

 

Votre Fédération bretonne compte seize membres, et vous en prévoyez des nouveaux pour 2023. A quand une association nationale ?

Pourquoi pas ! Quand la fédération s’est créée, c’était pour faire reconnaître ce projet fort  et être des passeurs de littérature dans des lieux où on ne s’y attendait pas. Accueillir des personnes qui n’osent pas franchir la porte d’une librairie. En se fédérant, on peut aujourd’hui employer une coordinatrice pour organiser nos trois rendez-vous annuels, qui mettent en spectacle la poésie, la littérature jeunesse et les sciences sociales.

 

L’espace café permet de vous faire plus de marge que pour le livre...

Oui, bien sûr. Quand ce type de lieu a émergé, il y avait plus de cafés-librairies que de librairies-cafés, et ceux qui ce sont créés en pleine campagne bretonne n’auraient pas tenu sans la partie restauration. Puis ça s’est équilibré. Dans notre librairie, on fait 80 % de notre chiffre d’affaires avec le livre, 15% en papeterie et 5 % avec le salon de thé, ce qui est peu, vu le temps passé et la surface dédiée. Mais il irrigue la librairie.

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