Livres Hebdo : Pourquoi ce festival ? Quel a été le cheminement ou le déclic ?
François-Régis Gaudry : J'ai été contacté il y a plusieurs années par des habitants et pas mal d'amis avec lesquels j'ai pris un apéro un soir sur la Place aux Herbes... Est née l'idée de faire un festival, mais qui aborderait la gastronomie par le prisme culturel, en faisant des passerelles avec la littérature, le cinéma, l'histoire, la géographie... Des conférences, des séances de dédicace, des démos culinaires, une dictée gastronomique, un concours de boulettes... Un festival qui nourrit le corps et l'esprit. L'étymologie de sapere, « avoir de la saveur », rejoint celle de sapiens : la sagesse, la perspicacité, comprendre, savoir.
Pourquoi Uzès ?
Mes parents y ont pris leur retraite et j'y ai passé de nombreux étés. J'apprécie beaucoup ce lieu, au carrefour de plusieurs terroirs : la Provence, le Languedoc, la Camargue, les Cévennes... C'est une jolie ville avec une architecture spectaculaire, des endroits cachés, une pierre blanche. Uzès, c'est aussi des paysages de garrigue et de vigne, qui donnent les vins du Duché d'Uzès.
Public aux origines multiples, toutes générations confondues
C'est un art de vivre, avec le marché du samedi matin, peut-être l'un des plus beaux de France. La Place aux Herbes avec ses arcades, sa fontaine à l'ombre des platanes...
Qu'est-ce qui vous a marqué lors de la première édition ?
Le succès ! Tous nos événements étaient complets, avec un public aux origines multiples, toutes générations confondues, venues pour le plaisir de rencontrer les chefs, d'apprendre toutes sortes de choses. Un truc qui m'a frappé : la forte interactivité entre le public et les invités. Notre objectif cette année était de donner plus à manger, de nourrir davantage le corps, à travers un marché de producteurs et des démonstrations culinaires.
La cuisine, c'est social, politique, écologique...
Manger n'est pas anodin. C'est un acte politique qui nous permet de faire des choix en termes de consommation, de penser notre rapport au patrimoine et à l'écologie. L'alimentation correspond à peu près à 30 % de notre bilan carbone ! La façon dont on mange marque notre empreinte sur la planète. Est-on prêt à diminuer notre consommation de viande ? À se demander dans quelles conditions sociales a été produite telle céréale ? À diminuer la distance entre le lieu de production et notre assiette ? Cette conscience écologique n'est pas punitive, elle permet de retrouver du plaisir, de créer de nouvelles recettes, de jouer avec la cuisine végétale, par exemple.
Votre dernier coup de cœur littéraire et culinaire ?
J'ai beaucoup aimé le livre Recuerdame, de Juan Arbelaez (First Éditions). Il faisait des livres très marketés, avait pour leitmotiv des recettes en moins de trente minutes... Ici, c'est un retour aux sources sensible dans sa Colombie natale, avec les textes de sa sœur sur la famille, les traditions, les savoir-faire locaux. On est entre le livre de recettes, le reportage et le journal intime. Juan Arbelaez a d'ailleurs été en démonstration et en conférence pour cette seconde édition de Savoirs & Saveurs !