Avant-critique Roman

François-Guillaume Lorrain, "Le temps des trahisons" (XO Éditions)

François-Guillaume Lorrain à Paris - Photo © Bruno LEVY

François-Guillaume Lorrain, "Le temps des trahisons" (XO Éditions)

François-Guillaume Lorrain dépeint les dernières années de Louis XIII, marquées entre autres par la rocambolesque conspiration de Cinq-Mars.

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Par Jean-Claude Perrier
Créé le 21.09.2023 à 09h00 ,
Mis à jour le 21.09.2023 à 23h20

La fin d'un règne. Écrit un peu à la façon d'Alexandre Dumas (père), la rigueur historique en plus, sans Auguste Maquet, avec des chapitres nombreux et courts comme autant d'épisodes de feuilletons, Le temps des trahisons est un véritable bonheur de roman historique, où François-Guillaume Lorrain réaffirme son talent de conteur.

Prenant l'histoire à rebours, puisqu'il a déjà consacré un roman à la jeunesse de Louis XIV (Louis XIV, l'enfant-roi, XO Éditions, 2020), Lorrain s'attache cette fois à la toute fin de Louis XIII. Tout l'opposé de son fils, Louis XIII est un roi timide, complexé, bégayant, mal à l'aise avec les femmes (surtout la sienne, Anne d'Autriche, l'Espagnole), velléitaire, pieux, d'une méfiance paranoïaque... Roi depuis ses 9 ans, en 1610 (assassinat d'Henri IV, son père), aux affaires réellement depuis 1630, il règne, chasse et fait la guerre (à l'Espagne, en particulier), mais c'est son ministre Richelieu qui gouverne. Ce dernier, gros travailleur (il se tuera littéralement à la tâche, il y a chez lui, à la toute fin, un côté proustien), excellent administrateur, mais aussi homme de pouvoir, autoritaire voire tyrannique, est persuadé d'œuvrer pour le bien du pays. Ce qui, une fois le bilan fait, se révélera exact. Le cardinal fut bien un de ces grands hommes qui ont fait la France.

Lorsque commence le roman de Lorrain, nous sommes à la fin du règne, en 1639. Le roi et son ministre sont fatigués, malades, la guerre contre l'Espagne les épuise, comme le pays et ses finances. La cour fourmille de coteries, de cabales voire de complots, fomentés souvent par des Grands qui haïssent Richelieu et sont prêts, s'il le faut, à trahir le roi et leur patrie. Même Gaston d'Orléans, son frère cadet, hésite. Tout le monde espionne tout le monde.

Louis XIII, de plus en plus mélancolique et bigot, s'ennuie. Il déteste sa femme, n'est guère porté sur le beau sexe. Richelieu va donc avoir une idée, qui pouvait sembler habile : il choisit le jeune marquis Henri de Cinq-Mars, fils d'un défunt maréchal de France, 19 ans, joli garçon, coquet comme un paon (un « muguet », disait-on sous Henri III), afin de distraire Sa Majesté, qui s'en entiche, le nomme Grand-Maître de la Garde-robe, puis Grand Écuyer, voire en tombe amoureux. Hélas, le béjaune est vaniteux, stupide, inconstant, infidèle, et il ne va cesser d'offenser le roi, de le rebuter, de l'humilier. Tout en imaginant un complot extravagant avec son ami de Thou et le duc de Bouillon, Gaston d'Orléans et la reine en sous-main. Leur idée : assassiner Richelieu et faire la paix avec l'Espagne, moyennant grosse récompense.

Là, nous arrivons en 1642. Richelieu est mourant (il disparaîtra cette même année),  Louis XIII n'est guère plus vaillant (il ne lui survivra que de quelques mois). Mais le cardinal évente le complot, grâce à l'aide de Mazarin, son disciple, qui deviendra son successeur. Au début, le roi n'y croit pas, hésite, puis il doit se rendre à l'évidence et laisse immoler son favori, lequel, par vanité insensée, et bêtise, a tout raté. Il finira décapité, à Lyon. Non sans panache, dit-on. Walter Scott et Alfred de Vigny en avaient déjà fait un héros de roman.

François-Guillaume Lorrain
Le temps des trahisons
XO
Tirage: 10 000 ex.
Prix: 20,90 € ; 304 p.
ISBN: 9782374485805

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