Il y a ceux qui, comme Glénat et son exposition sur la peinture et la bande dessinée « Derrière la montagne », à Grenoble, ou Casterman avec l'exposition Alix à Versailles, vont se ranger avec le sourire sous la bannière BD 2020 pour des événements prévus de longue date. De leur côté, les festivals soutenus par le Centre national du livre ont été pressés de monter en un temps record, sans visibilité budgétaire, un programme pour animer toute l'année leur région en bande dessinée. « Le CNL souhaite des événements nouveaux, hors des dates du festival et dans d'autres champs artistiques, explique Pascal Mériaux, directeur des Rendez-vous de la bande dessinée d'Amiens. Nous étendons donc notre action sur tous les Hauts-de-France avec des expositions et rencontres dans une dizaine de lieux et scènes conventionnées. ».

D'après le directeur de Lyon BD, Mathieu Diez,« l'idée de faire entrer la bande dessinée dans des lieux où elle ne va pas rejoint l'envie qui nous anime depuis 15 ans. Depuis juillet, nous nous sommes efforcés de mobiliser tous les acteurs culturels de la métropole pour monter un programme de dix événements sur l'année. » Concerts dessinés à l'Opéra et à l'Auditorium, résidence d'auteurs au Théâtre des Célestins, partenariat avec les Assises internationales du roman... Les idées ne manquent pas. La visibilité, si. « Tout vient assez tard, mais nous profitons des interstices, comme la Nuit des musées, pour nous insérer dans des programmes, poursuit Mathieu Diez. En revanche, nous n'avons aucune confirmation sur les budgets, alors que nous sommes partis la fleur au fusil sur des projets ambitieux. »

Crainte du saupoudrage

Les arbitrages devraient être rendus d'ici à février. Les chiffres qui circulaient en décembre atteignaient 300 000 € à se partager entre la douzaine de grands festivals comme Lyon, Amiens, Aix-en-Provence ou Saint-Malo, et une enveloppe similaire pour les nouveaux venus. La crainte d'un siphonnage de la manne par les événements parisiens et angoumoisins est dans toutes les têtes. « Si c'est pour saupoudrer 20 000 euros par-ci par-là dans des festivals qui ont déjà une programmation développée, sachant que c'est là le coût minimal d'une exposition sérieuse, ça n'aura quasiment aucun impact », regrette un éditeur indépendant, résumant l'inquiétude générale. « J'ai demandé 30 000 € pour deux projets, révèle Bruno Genini, directeur de BD Boum à Blois. Le premier concerne une centaine d'ateliers BD dans des structures de la protection judiciaire de la jeunesse ou des établissements d'éducation spécialisée. Si je n'ai pas l'enveloppe complète, on ne pourra pas aller partout. Concernant le second projet, l'édition d'un ouvrage doublée d'une exposition, je n'ai pas encore appelé les auteurs, ne pouvant m'engager auprès d'eux. » A Saint-Malo, Quai des bulles prévoit d'amplifier ses actions sur le territoire breton, mais avance à tâtons, sans communiquer spécifiquement sur BD 2020...

Les festivals veulent toutefois croire que les liens qui sont en train d'être tissés avec des théâtres ou des musées ne vont pas s'effilocher avec l'annonce d'un budget trop serré. Ils clament que le programme envisagé ne sera pas low cost. « Monter des opérations à l'échelle locale, c'est notre réalité opérationnelle et travailler avec peu d'argent, c'est notre quotidien, tranche Pascal Mériaux. Nous avons l'expertise et le savoir-faire pour monter des expositions. On s'adaptera. » Ont-ils vraiment le choix ? 

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