En parallèle, l’acquisition des ressources numériques est en hausse continue. En 2013, 8% des établissements couvrant plus de 100000 habitants ont acheté des ressources numériques musicales. En 2017, ils étaient 59% ! Mais la hausse est moins importante dans les bibliothèques de plus petite taille : sur un territoire de 2000 à 5000 habitants, 6% des bibliothèques avaient acquis des ressources numériques musicales en 2017. Une hypothèse : « Elles ont moins les moyens de diffuser ces ressources numériques sur leur portail internet, qui est peut-être moins visible que celui d’une grande structure », avance Quentin Auffret, responsable de l’Observatoire de la Lecture publique au ministère de la Culture. A noter cependant que les petits établissements n’acquièrent pas toujours directement les documents, mais les empruntent à la bibliothèque départementale : un CD non acquis ne veut pas dire qu’il n’a pas été emprunté, ou qu’il n’a pas servi sur place.
La difficile quantification
Comme les chiffres d'emprunts ne suffisent pas à défendre la nécessité de continuer à acquérir de la musique sur place, un autre critère doit donc être présenté aux élus : les usages. Les emprunts (livre, CD, DVD, presse) ne représentaient en effet que 40% des motifs de visites en 2016, tandis que la lecture et l’écoute sur place représentaient 38%. Problème : la fréquentation, les usages et l’apport de tel ou tel livre ou CD sont plus difficilement quantifiables que des emprunts. Comment, par exemple, formaliser l’apport cognitif d’une musique ? Ou comment connaître la fréquentation de la bibliothèque selon l’heure de la journée, sans système de ticket ? Un compteur à l’entrée ne fait pas la différence entre une personne qui y reste une heure et une autre qui passe en coup de vent. « Mais ces cinq minutes pour consulter un document sont peut-être aussi essentielles qu’une heure passée sur place », remarque Quentin Auffret. Une bibliothèque, doit-elle, par exemple, continuer à proposer des vinyles sur place s'ils servent une minorité ?
Savoir lire les chiffres demande enfin à penser à ceux qui en sont absents : les non-usagers, en cherchant à connaître la raison pour laquelle ils ne viennent jamais en médiathèque. « Des études ont rendu compte qu'ils la trouvent indispensable ! C’est seulement qu’ils disent ne pas en avoir l’utilité. Or, ils ne connaissent pas bien ce qu’elle propose ! » Pour ceux qui ne vont pas sur leurs canaux de communication, les bibliothèques pourraient mutualiser leur offre avec des espaces bien connus des non-usagers, ou profiter d'une vaste campagne de communication municipale. Là encore, il s'agit de convaincre les élus.