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Eve Babitz, écrivaine et égérie, est morte

Eve Babitz - Photo Gallmeister

Eve Babitz, écrivaine et égérie, est morte

Bret Easton Ellis en était fan. Marcel Duchamp joua aux échecs avec elle. Celle qui contribua à faire de Los Angeles la ville "cool" des années 1960 et 1970, est morte à l'âge de 78 ans, quelques mois après la parution de trois de ses livres majeurs par Le Seuil et Points.

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Par Vincy Thomas
Créé le 24.12.2021 à 13h32

La journaliste, chroniqueuse, photographe et écrivaine Eve Babitz, née le 13 mai 1943, est décédée le 17 décembre 2021 à l’âge de 78 ans. Fille d’artistes, filleule d’Igor Stravinsky, elle s’est d’abord fait connaître comme modèle d’une photographie emblématique de Julia Wasser, où, à 20 ans, elle y joue une partie d’échecs avec Marcel Duchamp. Le cliché est considéré comme « une des principales images documentaires de l'art moderne américain ».

Eve Babitz a d’abord été une figure de proue du mouvement hippie californien et de la scène artistique des années 1960 et 1970, entretenant des liaisons avec des personnalités comme Walter Hopps, Jim Morrisson, Steve Martin, Harrison Ford, ou Ed Rusha. Elle a réalisé plusieurs couvertures de disques et écrit de nombreux articles et nouvelles dans des magazines comme Rolling Stone, Vogue ou Esquire.

Icône de son époque – Bret Easton Ellis en est fan -, elle a été l’une des auteures qui a le plus contribué à l’image de Los Angeles et sa culture underground. Souvent comparée à Joan Didion, qui s’est éteinte le 23 décembre, elle a farouchement défendu son indépendance et son féminisme, sa liberté amoureuse et sexuelle et son aversion pour le patriarcat. Elle utilisait pour ça un ton ironique et piquant, et traduisait avec grâce et « coolitude » la légèreté et l’insouciance de son époque.

Son œuvre littéraire est méconnue en France malgré son succès Outre-Atlantique. Son livre le plus symbolique est sans conteste le roman Eve’s Hollywood paru en 1974. Dans les années 2010, la réédition aux Etats-Unis de ses livres et de ses articles lui ont fait connaître une renaissance intellectuelle. Redécouverte, elle fait l’objet de conférences et intéresse les producteurs d’Hollywood.

Trois ouvrages récemment publiés en France

Gallmeister a publié en 2015 (réédité en 2019 dans la collection « Totem ») Jours tranquilles, brèves rencontres, traduit par Gwilym Tonnerre, initialement sorti en 1977. L’histoire d'un acteur qui fuit les studios pour assister à un match de base-ball, d'une starlette qui ne supporte pas sa célébrité et d'Eve, qui promène son insolente sensualité. En 2018, Le Seuil a sorti Sexe & Rage : conseils à l’attention des jeunes demoiselles avides de prendre du bon temps, traduit par Jakuta Alikavazovic, un roman semi-autobiographique où Jacaranda Leven, proche du milieu du surf, se perd en divertissements en fréquentant une élite oisive. Aidée par un agent littéraire qui a découvert son talent pour l'écriture, elle prend un nouveau départ à New York.  Knopf l’avait publié en 1979.
 
Le Seuil a publié le 4 février 2021 Eve à Hollywood, son premier roman, autobiographique, paru en 1974, traduit et préfacé par Jakuta Alikavazovic. Egérie de la côte Ouest bohème, rock et littéraire, elle fait le récit d'une vie de liberté et de débauche, de la vie nocturne et artistique de Los Angeles de la seconde moitié du XXe siècle. De son côté, Points a édité à la même date En tenue d’Eve : histoire d’une partie d’échecs, texte inédit qui livre les dessous de cette partie avec Duchamp qui a secoué Hollywood. L'éditeur a sorti également la version poche de Sexe & Rage : conseils à l’attention des jeunes demoiselles avides de prendre du bon temps.
 

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