L'écriture en mouvement. Dans Fou de Paris, l'écrivain et poète belge Eugène Savitzkaya décrit l'errance et les impressions de personnages qui marchent dans Paris et sa banlieue. Des fous, des folles, se promènent et se croisent sur les trottoirs des rues parisiennes ou au bord de son fleuve et des canaux qui la relient à ses périphéries, à Aubervilliers, à Pantin. Une balade poétique, romantique et révoltée, qui pourrait être celle de l'oublié Hégésippe Moreau, un des personnages du texte, mais aussi celle d'un Baudelaire, bien plus présent à nos esprits, fantôme omniprésent, ou encore celle d'Eugène Savitzkaya lui-même. Car les ombres, les esprits et les époques, aussi, s'entrecroisent dans ce livre. Les flâneurs du XIX^e siècle rencontrent ceux du XXI^e. La ville et ses modernités se sont succédé, et le spleen reste intact. La colère sourde aussi : « Dans le pur silence de la ville, le fou est à l'écoute d'une machine à coudre que manipule avec souplesse et dextérité une habile couturière confectionnant des masques pour le personnel médical subissant la pénurie des masques, pénurie due à l'impéritie des arrogants gouvernants de pacotille, despotes ou paltoquets de service. » Inscrit dans le groupe littéraire du Nouveau Roman, Eugène Savitzkaya s'est d'abord imposé dans le paysage éditorial avec ses poèmes. Puis par ses écrits de théâtre et romanesques. Fou de Paris, poème en prose, témoigne de la riche écriture en mouvement, ultrasensible, qui caractérise l'auteur.