Etonnants voyageurs Brazza : le festival arrive à s'ancrer dans la ville dès la première édition

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Etonnants voyageurs Brazza : le festival arrive à s'ancrer dans la ville dès la première édition

La manifestation qui s'est terminée hier dimanche 17 février a réussi grâce aux acteurs culturels et éducatifs de Brazzaville à toucher un public local.

Par Anne-Laure Walter
avec alw, à brazzaville Créé le 15.04.2015 à 23h36

La toute première édition du festival Etonnants voyageurs à Brazzaville s'est refermée dimanche 17 février, comme elle s'était ouverte, avec un grand concert. On pouvait craindre que la manifestation ne se fixe pas sur des racines locales et reste un entre-soi avec sa caravane d'auteurs (près de 80 dont André Brink, Emmanuel Dongala, Léonora Miano...) et de journalistes (une cinquantaine dont les équipes de France Inter qui ont émis depuis Brazzaville pour 11 heures d'émission) venue de Paris tous frais payés.

L'impressionnant Palais des congrès, avec sa salle des votes, a connu, en dehors de la venue des scolaires et de la soirée de clôture dans le jardin, une fréquentation limitée.

Pourtant un peu partout dans la ville, même en plein coeur du fourmillant « Marché total » les affiches du festival - dont la photo est signée Francis Kodia membre d'un collectif congolais Génération Elili -, recouvraient murs et panneaux d'affichages. Mais c'est en dehors du Palais des Congrès que les organisateurs ont vraiment réussi à rencontrer le public en mettant à contribution des lieux bien connus des habitants de Brazzaville comme le poumon culturel de la ville que constitue l'Institut français : plus de 100 personnes assistaient aux cafés littéraires chaque jour et l'auditorium de 480 places a dû refuser du monde pour la soirée de slam « vibrations urbaines ». Mais aussi au Congo Squaren un bar de la ville, où l'on chante et dit des textes, tenu par Clotaire Kimbolo, un ancien conducteur du train qui relit Brazza à Pointe-Noire, reconverti en homme de scène et chanteur.

Ils ont créé des ponts avec les associations artistiques locales comme les ateliers Sahm montés il y a six mois par la plasticienne Bill Kouelany, proposant des résidences d'artistes et bientôt d'écrivains, ainsi que des formations à la critique d'art.

"Faites d'eux des lecteurs."

« Je remercie toute la jeunesse congolaise qui s'est déplacée pendant ce festival, » a déclaré Alain Mabanckou, le coprésident de la manifestation. Et effectivement après des débuts un peu poussifs dans le Palais des Congrès, l'échange a fini par prendre et durant le week-end pas un débat ne se terminait sans une série de questions de jeunes, de parents ou de professeurs.

Dans les dix lycées tellement surpeuplés qu'ils pratiquent la double vacation (une partie des élèves va à l'école le matin et une autre partie prend la suite l'après midi), les élèves débordaient d'enthousiasme en rencontrant les écrivains, coursant Alain Mabanckou ou Henri Lopes pour un autographe sur un morceau de papier ou une photo volée.

Certes il reste la question des moyens pérennes pour le livre dans le pays en dehors de ce focus médiatique. La manifestation ne peut s'appuyer sur une réelle politique congolaise de lecture publique et l'accès au livre dans le pays reste problématique (lire notre actualité sur le sujet). Mais le festival a eu le mérite de susciter l'envie, d'apporter le livre ou du moins sa lecture, par des biais connus de la population, notamment le théâtre et la musique, des arts particulièrement présents au Congo.

Au début du festival, face à un parterre de jeunes, l'écrivain et diplomate congolais, Henri Lopes avait lancé aux Etonnants voyageurs : « Faites d'eux des lecteurs. Qu'importe s'ils ne lisent pas nos livres, pourvu qu'ils lisent de beaux livres. »

« Une partie de Brazzaville et de ce qu'a été ce festival se retrouvera à Saint Malo, a affirmé Michel Le Bris, le fondateur d'Etonnants voyageurs ému à la fin des quatre jours de rencontres. On reviendra le plus vite possible. »

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