Chers lecteurs, chères bloggeuses, vous qui passez (par ici) sans me voir, sans même me dire au-revoir (par un petit commentaire), donnez-moi un peu d'espoir, ce soir... Je n'ai ni le talent d'auteur de Trenet, ni la voix de velours de Jean Sablon, je n'étais même pas né en 1936 quand ils ont écrit et chanté ce bijou. Ce soir la nostal', comme disait Simone Signoret, m'emporte. Je dois vous faire une confession : vous m'avez manqué, quand je vous ai quittés de février 2009 à avril 2011, puis négligés un mois par-ci, deux mois par là. Mais je vous ai été infidèle, alors... Oublions ! Voici ici -sous vos yeux éblouis !- mon 99 e blog depuis ses débuts en juin 2006. En les regardant, j'ai plus pleuré que je n'ai ri, moi qui tentait de vous amuser, tout au long de ces textes foutraques : je suis devenu El desperado. Il est vrai que j'ai applaudi, pendant mes « chroniques new-yorkaises » en novembre 2008, à l'élection du premier Président noir des Etats-Unis dans la chaleur de Harlem. Mais j'ai perdu le lendemain matin, presque dans mes bras, mon meilleur ami, le critique américain John Leonard. Deux ans plus tôt, j'avais enterré mon chat Zoulou, puis mes amis Noël Copin, Jorge Semprun et Hubert Nyssen. Croquemort intérimaire, c'est, sans doute, le privilège de l'âge. Quand je n'étais pas au cimetière, j'ai souvent pris plaisir à tenir ce blog. En commençant par cette lecture, avec vous, en temps réel, du Roi vient quand il veut de Pierre Michon , en cinq épisodes, forme impossible dans un journal. J'ai aussi rencontré des amis sur la blogoboule, plutôt des amies puisque les femmes se sont illustrées au premier rang de la révolte des simples lecteurs contre les critiques professionnels. J'ai découvert un monde en devenant, bien modestement, éditeur (cinq livres). Je me souviens du jour où j'ai demandé à Google de me trouver des « blogs littéraires » quand Livres Hebdo m'a demandé d'en tenir un ici. Je suis fier d'en compter aujourd'hui 197, pardon 198 depuis ce matin, dans mes favoris. Et l'influence de la blogoboule n'est pas mince si l'on en croit un sondage de Livres-Hebdo lui-même. J'ai découvert des femmes passionnées, quasi-professionnelles, car elles étaient souvent bibliothécaires ou professeures, et d'autres simplement lectrices compulsives, modestes, gentilles. L'ironie en 2006 n'était pas de saison, mais rares étaient celles qui versaient dans le bisounoursisme. La chouchouitude n'avait d'égale que la délicatesse des auteurs qui surveillaient leurs ventes en flattant les bloggeuses. On entrait en blog comme en bibliothèque avec respect et humilité que ce soit pour parler des classiques ou des livres de saison. En revenant, j'ai constaté que la blogoboule a changé. En mieux, en moins bien ? Je vous le dirai demain (*) ! ______ * Le sujet vaut bien une petite enquête si l’on se réfère au sondage de Livres Hebdo sur l’influence des blogs et site culturels dans l’envie de lire tel ou tel livre (49,6%) loin devant les magazines, les quotidiens, la radio et la télévision.