3 NOVEMBRE - SCIENCES Etats-Unis

La figure de Richard Feynman (1918-1988) traverse ce recueil d'articles. Il fut le professeur de Freeman Dyson et l'un des physiciens les plus influents de la seconde moitié du XXe siècle par ses travaux en mécanique quantique. Il relate combien ce savant américain fut aussi un libre penseur dans sa façon d'enseigner, dans sa façon d'être, dans sa générosité à transmettre son savoir entre un match de boxe et un concert de rock.

Freeman Dyson- Photo DR/ACTES SUD

On trouvera souvent matière à réflexion dans les textes de Freeman Dyson, lui-même physicien et mathématicien, né en Angleterre en 1923, professeur émérite à l'Institute for Advanced Study de Princeton, créé pour Einstein dans les années 1930. Au contact de nombreux génies - qu'il nomme "les hérissons" alors que les spécialistes sont "les renards" -, ce grand savant a acquis le sens de la vulgarisation et des idées neuves.

Il fait partie de ces esprits libres qui parcourent son livre, de Newton à nos jours. Au gré des commentaires sur des livres parus dans The New York Review, des souvenirs personnels, des remarques toujours pertinentes sur l'exercice de la science, il montre combien on se méprend sur ces hommes et ces femmes qui cherchent à comprendre ce qui les entoure. "La science est une alliance d'esprits libres, venus de toutes les cultures, se révoltant contre la tyrannie que chaque culture exerce, en tout lieu, sur ses enfants."

Il nous raconte donc la science comme subversion, la science comme liberté extraordinaire, la science comme conquête sur l'ignorance et révolte contre la pauvreté, la laideur, le militarisme et l'injustice économique, la science comme création à part entière. "La résolution des équations d'Einstein par le trou noir est aussi une oeuvre d'art."

Ce livre enthousiaste, lucide, amusé, écrit pour tous les publics, égrène sans jamais lasser les grands défis de la science contemporaine en cherchant toujours à comprendre ceux qui la pratiquent. On passe d'un sujet à l'autre en restant dans la même thématique. L'analyse des thrillers high-tech de Michael Crichton s'accompagne d'une réflexion sur la façon de convertir de manière positive les effets néfastes de la technologie. Sa rencontre avec Georges Charpak coiffé d'un vieux crâne de taureau avec ses cornes dans un chalet savoyard n'entame en rien sa croyance en la force de la raison, au contraire. Il examine aussi les rapports entre science et foi, et ce que l'on est en droit d'attendre de la première comme de la seconde.

En 2001, Freeman Dyson est invité au Forum de Davos. Le gratin mondial de la finance lui demande de participer à une table ronde intitulée - c'est bien une idée d'économistes... - "Quand saurons-nous tout ?". Autrement dit, quand les derniers grands problèmes de la science seront-ils résolus ? Et là, devant les grands patrons et les personnalités politiques, le physicien frondeur prit son temps et répondit d'un mot : "Jamais."

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