Que peut-on bien faire à la plage quand on a tout oublié, serviettes, maillots de bain, pelles, râteaux et bouée crocodile ? Telle est la question que se posent, tout penauds, l’ours Michao, la chevrette Marguerite et le renardeau. Pourtant tout avait si bien commencé. C’était le premier jour de l’été et le soleil était haut dans le ciel. Un petit coup d’œil au coffre de l’auto a suffi à tout gâcher. Déjà la petite chèvre Marguerite a du mal à cacher sa déception : "Sa lèvre du bas cherche à toucher ses sourcils"… Jamais à court d’idées, Michao suggère de construire un bateau. Aussitôt dit, aussitôt fait. A l’aide de vieux bouts de bois et d’algues, nos trois compères bricolent un bateau de fortune. Et, non pas cerise sur le gâteau, mais algue sur le radeau, il sera même pourvu d’un drapeau… Et vogue la galère ! Qui bientôt n’est plus qu’un tout petit point sur l’horizon. "Où va-t-il ?" s’inquiète Marguerite. "Il faut imaginer", répond Michao en touchant l’horizon du doigt.
Par-delà l’histoire apparemment naïve, cet album livre mine de rien une petite leçon de philosophie. Quand on n’a aucun jouet et qu’on ne peut faire aucune activité dûment répertoriée, on peut toujours rêver… Aux manettes, deux qui en connaissent un rayon sur l’art de rêver. Au stylo, Olivier de Solminihac et, à la peinture, le Québécois Stéphane Poulin. La délicatesse du texte et la lumière qui éclabousse tout l’album sont ensemble comme larrons en foire. Les huiles aux teintes douces voient le monde avec une tendresse amusée. Que ce soit la route des vacances où les caravanes sont à touche-touche avec les autos, ou la moue désappointée des personnages quand ils découvrent le coffre vide. Mention spéciale aussi à la très belle page où le point de vue sur le bord de mer est celui… d’une mouette. Fabienne Jacob