Chiens

Plutôt que pour les souris et les hommes de Steinbeck, Ovidie penche pour les chiens et les femmes. Dans l'idée qu'une même assignation identitaire blessante s'accorde aux uns et aux autres. Les chiens, comprend-on, lui sont comme autant de marqueurs biographiques. « Je parle de chiens toute la journée », dit-elle. Et de fait, depuis le refuge charentais qui est le sien depuis quelques années, joint-elle le geste à la parole, montrant à son interlocuteur un porte-clé chien, un calendrier de photos de toutous, un portrait de Raziel, compagnon à quatre pattes dont le départ la laisse inconsolée, parmi d'autres souvenirs. Aussi, dès que Lattès a eu l'idée de sa collection « Bestial », son éditrice, Isabelle Sorente, le tint pour acquis : pour elle, ce sera le chien.

Lire

Chez Ovidie, fille de profs, la lecture n'était pas vue comme un outil d'ascension sociale. Les « Bibliothèque Rose » et « Verte » de l'enfance en témoignent. Par la suite, les choses se sont un peu gâtées. Celle qui dit que « lire fait partie de [s]on job » regrette avoir perdu depuis une dizaine d'années l'usage du livre comme un plaisir. Reconnaissant « rentrer désormais dans un livre à reculons, comme à la piscine », elle promet d'y mettre bon ordre.

Écrire

En revanche, Ovidie écrit. Beaucoup. Tous les jours. De tout, livres, articles, scripts, scénarios de BD et une thèse. Depuis la publication à 22 ans de son premier livre, c'est un besoin. Mais il lui a fallu le succès l'an dernier, notamment critique, de La chair est triste hélas (Julliard) pour assumer encore timidement faire œuvre d'écrivain. On pourrait penser qu'un passage à la fiction peut aider. Elle s'en défend et ajoute : « J'ai un problème de légitimité qui est en train de se résoudre... »

Discipline

Difficile avec elle de faire la liste de ses envies. On la redoute dispersée, dissipée ; elle se revendique avant tout disciplinée. Un bon petit soldat qui se lève et se couche tôt, parfaitement organisée. Rien ne l'agace plus que ce préjugé d'éparpillement. « Tous ces formats que j'aborde, ça a une cohérence et c'est au service d'une ligne, la mienne, autour des femmes et de la politisation de l'intime. »

Provinces

Pas moins parisienne que cette fille ayant passé enfance et adolescence en Dordogne et revenue vivre dans le Sud-Ouest, dans un village non loin d'Angoulême cette fois, à l'aube de sa quarantaine, alors que débutait le mouvement des gilets jaunes qui ne fit que renforcer son dégoût pour le mépris de classe. « Je sais ce que c'est que d'aller au Flunch », assure-t-elle.