Scolaire

En attendant la réforme

Les éditeurs scolaires souhaitent qu’une partie du budget non investie dans les ouvrages papiers soit consacrée à l’achat de licences numériques. - Photo Photomontage Olivier Dion

En attendant la réforme

Les éditeurs scolaires vont devoir affronter trois années moroses. Ils espèrent installer l’usage de manuels numériques, en attendant la reprise des ventes papier, en 2016.

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Par Hervé Hugueny
Créé le 06.03.2014 à 18h47 ,
Mis à jour le 07.03.2014 à 11h29

La nouvelle n’a pas surpris les éditeurs scolaires, qui surveillent les travaux du conseil supérieur des programmes comme le lait sur le feu et avaient perçu quelques signaux inquiétants : la refonte des programmes scolaires du primaire et du collège prendra une année de plus, a confirmé le ministère de l’Education nationale. Leur mise en œuvre démarrera au CP, au CM1 et en cinquième à la rentrée 2016, avec les conséquences habituelles : les établissements limitent aux seules nécessités de remplacement l’achat de manuels qui seront obsolètes dans deux ans. "Ce n’est pas une bonne nouvelle", reconnaît Sylvie Marcé, présidente du groupe Education au Syndicat national de l’édition et P-DG de Belin. Ce retard touchera surtout les ventes aux collèges. Celles du primaire sont relativement insensibles à ces réformes. Et la rénovation des enseignements au lycée était de toute façon trop récente pour justifier une modification, dans les filières générales et professionnelles. Côté librairies, le marché du collège est dominé par des adjudicataires. Celui du lycée est plus ouvert, avec l’occasion qui assure une activité aux libraires qui s’y sont investis.

L’édition scolaire, qui va devoir affronter trois années moroses au lieu des deux annoncées, voudrait profiter de cet attentisme forcé pour installer l’usage des manuels numériques. "Le retard des nouveaux programmes ne doit pas freiner l’évolution des supports pédagogiques, au contraire : les enseignants qui n’auront pas de nouveaux contenus à appréhender seront plus disponibles pour adopter de nouvelles méthodes", fait valoir Sylvie Marcé. Mais il faudrait un budget dédié aux versions numériques de ces manuels, que les éditeurs ont tous développées mais qui ne réprésentent que "1 à 2 % des ventes de manuels papier". Au lieu d’être gelée, une partie du budget consacré aux ouvrages papiers pourrait être investie dans l’achat de licences numériques. "Les éditeurs sont prêts à tester de nouvelles propositions", annonce la présidente du groupe Education.

Il en va de l’avenir de cette filière d’ingénierie numérique pédagogique, que le gouvernement dit vouloir structurer pour résister à la concurrence mondiale, et de "la place donnée aux éditeurs privés pour développer une offre de qualité dans le système éducatif français", insiste Sylvie Marcé, inquiète de la récente concurrence frontale que le Centre national de la documentation pédagogique lance dans l’enseignement de l’anglais. Hervé Hugueny

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