Le 20 avril, l'oeuvre de Pierre Drieu la Rochelle fera son entrée dans la vénérable "Bibliothèque de la Pléiade". Un choix qui peut être sujet à polémique car l'auteur de Gilles, qui fut directeur de la NRF pendant l'Occupation, a été un des piliers de la collaboration franco-allemande, allant notamment à Weimar à l'occasion de rencontres littéraires de la propagande nazi. Dès l'introduction, Jean-François Louette, qui dirige l'édition, prévient qu'"avec Céline et Brasillach, Drieu a repoussé les limites extrêmes de ce qu'on pouvait en France admettre de dire, et d'entendre, au sujets des étrangers et des Juifs". Drieu la Rochelle fut cependant son propre procureur et s'est suicidé en 1945.
C'est sur ses écrits de fiction que porte le volume de la "Pléiade", des textes emprunts de lyrisme et non dénués de charme. L'ouvrage contient Etat civil, La valise vide, Blèche, Adieu à Gonzague, Le feu follet, La comédie de Charleroi, Rêveuse bourgeoisie, Gilles, Mémoires de Dirk Raspe et Récit secret. "Gageons que le temps, qui nous éloigne de lui, le rapproche de nous - et ce, alors même que, dans une oeuvre où l'esthétique et la politique sans cesse se mêlent, l'écrivain, quoi qu'en dise le cliché, ne saurait peu à peu effacer le militant sans que les deux ne soient trahis. Tel serait, très fort, le charme quand même de Pierre Drieu la Rochelle", >conclut Jean-François Louette.
Rappelons, à cette occasion, l'actuelle diffusion en salle d'Oslo, 31 août, une nouvelle adaptation cinématographique du Feu follet par le réalisateur norvégien Joachim Trier, 49 ans après celle de Louis Malle, avec Maurice Ronet.