Soixante-treize primo-romanciers font leur rentrée sur la scène littéraire dans la prestigieuse « rentrée blanche ». Et d'année en année, leur nombre augmente sensiblement. Comme si le monde de l'édition, malgré ses doutes, continuait d'entrevoir – ou d'espérer – le surgissement d'une voix neuve, d'un récit inédit. Ils viennent pour beaucoup, d'un même sérail : journalistes, éditeurs, comédiens. Ils sont passés par des ateliers d'écriture, des masters de création littéraire, devenus en quelques années de véritables filières d'accès à la publication. Ces structures ont leur vertu. Elles permettent à de jeunes auteurs d'être repérés plus tôt, mieux accompagnés, publiés plus vite. Voici 12 portraits qu'accompagnent leurs premières phrases.
12 primo-romanciers en 12 incipits
- Séphora Pondi, Avale (Grasset) : « Tom en a encore sous la dent. »
- Jean-Pierre Arbon, Les derniers jours de Harry Yuan (Au Diable Vauvert) : « Il y avait vingt-deux ans que je n'avais pas vu Harry Yuan. »
- Séverine Cressan, Nourrice (Dalva) : « C'est nuit de lune pleine. »
- David Deneufgermain, L'adieu au visage (Marchialy) : « Rares sont les mails en provenance du travail capables de me bouleverser ; m'agacer oui, me faire rire parfois, me bouleverser, non. »
- Damien Peyraud, Les crédits (Noir sur Blanc) : « Il n'y a pas de cadeaux. »
- François Gagey, Combustions (Albin Michel) : « Il est mort dans la nuit. »
- Adélaïde Bon, Puisque l'eau monte (Soir venu) : « Du bout du pied, j'écarte l'amas sombre et gélatineux et le pousse dans un coin de la douche. »
- Ramsès Kéfi, Quatre jours sans ma mère (Philippe Rey) : « Quatre heures se sont écoulées entre le moment où Hélia a raccroché et celui où il est venu m'avertir du coup de téléphone, vers minuit. »
- Melvin Mélissa, Une pieuvre au plafond (Rivages) : « La première, la deuxième fois, je tourne en rond, ne me souviens plus ; une intrusion visqueuse et salée, dure, un trou qu'il perce au fond de mon enfance. »
- Louise Rose, Les projectiles (P.O.L) : « Dix, neuf, huit, sept, six, cinq, quatre, trois, deux, un, zéro. »
- Lucie-Anne Belgy, Il pleut sur la parade (Gallimard) : « Il faut expliquer que shikse vient de l'hébreu sheketz qui veut dire "abomination" ou "souillure" : on l'utilise pour parler d'une femme non juive marié à un homme juif. »
- Thibault Daelman, L'entroubli (Tripode) : « Ma paix, de mémoire, n’a ni bruit ni silence propres. »