VGE a trouvé un bon moyen de faire mousser sa prose. Il est vrai que son précédent roman avait plus fait glousser sur son style qu’à propos de l’intrigue. Pour ceux qui auraient loupé le buzz qui a agité toute la presse people, VGE aurait eu une liaison avec Diana. Certes, l’intéressé se contente de peindre, dans son « roman » intitulé La Princesse et le président , les aventures… d’un président de la République française et d’une princesse britannique. Une chose est sûre : l’Ex a fait des progrès en marketing. Pour son premier roman, Le Passage (rien à voir avec l’excellente maison d’édition du même nom), la critique unanime avait ricané, et le public, tout aussi unanime, boudé. Cette fois, la ficelle est aussi grosse qu’une corde mais plus efficace. Car tout repose sur l’interprétation que la presse, et les lecteurs, font de cette romance harlequinesque (avec moins de savoir-faire, car écrire un Harlequin est réservé aux écrivains rôdés). De Diana à John John Kennedy jr, en passant par François Mitterrand ou Michel Foucault, tous les morts célèbres ont déjà été mis en scène dans des livres plus ou moins de fiction qui n'hésitent pas à aborder la sphère de la vie privée. Pour rappel, l’article 9 du Code civil dispose que « chacun a droit au respect de sa vie privée ». Mais la loi reste… lettre morte sur ledit respect après le décès de la personne visée. Forte de ce silence, la jurisprudence considère que l'action en respect de la vie privée n'appartient qu'aux intéressés de leur vivant. En clair et en droit, il n’y a plus de vie privée après la mort. Seul compte le respect de la vie privée des « survivants ». Anne-Aymone Sauvage de Brantes, épouse Giscard d’Estaing, aurait pu agir en justice contre son époux, avec le désordre subséquent. Le milieu littéraire sait d’ailleurs qu’elle n’a pas froid aux yeux : en qualité de présidente de la Fondation pour l’Enfance, c’est elle qui avait initié, il y a sept ans, les déboires judiciaro-administratifs de Rose bonbon (Nicolas Jones-Gorlin, Gallimard) et de Il entrerait dans la légende (Louis Skorecki, Leo Scheer). Pour l’heure, pas de menace judiciaire en vue de la part de Madame, seule susceptible d’assigner (ou de divorcer), VGE ayant, précisé que tout cela n’était qu’imagination d’écrivain (ou fantasme ?). Bref, VGE aurait pu aussi, en toute impunité juridique nous narrer sa liaison avec Jackie Onassis ( Le Président et l’armateuse ), Grace Kelly ( Le Président et l’autre princesse ), Jean-Paul II (Le Président et le Vatican) ou, mieux encore (si l’on considère les chiffres de vente en librairie de cet été) ses amours avec Michael J. ( Le Président et la star mondiale du pop ). Toutefois, si les faits relevant de la sphère de la vie privée se révèlent être également attentatoires à « l'honneur ou à la considération » - ce qui est souvent le cas, par exemple, lorsque des adultères sont rapportés - les héritiers peuvent toujours attaquer sur le fondement des « diffamations ou injures dirigées contre la mémoire des morts », prévues à l'article 34 de la classique loi du 29 juillet 1881 « sur la liberté de la presse » (et dressée à son encontre). Mais de tels propos ne sont sujets à sanction « que dans les cas où les auteurs de ces diffamations ou injures auraient eu l'intention de porter atteinte à l'honneur ou à la considération des héritiers, époux ou légataires universels vivants. » Il incombe donc aux rejetons de démontrer que les allégations problématiques ont pour but de discréditer également leur propre réputation, ce qui reste un exercice assez périlleux. En l’occurrence, je vois mal Harry ou William lancer une action en justice contre VGE. Mais sait-on jamais… A quoi tient la survie, dans les meilleures ventes, d’un audacieux roman présidentiel ?