Hada Keisuke est l’un des jeunes prodiges des lettres nipponnes. Il publie à 17 ans, en 2002, son premier roman, Kokureisu(Eau sombre et glacée, non traduit), qui reçoit un prix littéraire important, le Bungei. Ensuite, quasi-sacrilège au Japon, il quitte son emploi pour se consacrer à l’écriture : La vie du bon côté est son dixième roman, et le premier traduit en français. On aime cette voix qui, avec une grande économie de moyens, met le doigt sur l’un des problèmes les plus douloureux de la société japonaise, des sociétés occidentales mais pas seulement (la Chine et l’Inde commencent d’être touchées) : le vieillissement de la population et les difficultés de vivre au quotidien avec un "senior".
Dans la famille Tanaka, il y a Kento, un désœuvré asthmatique de 28 ans qui prépare vaguement son notariat, et fait mollement l’amour à sa petite amie, Ami, "moche", mais qui, elle, bosse. Orphelin de père, Kento habite chez sa mère, une femme acariâtre, à Tama, une ville nouvelle-dortoir, près de Tokyo. Mais vit aussi à la maison le grand-père de 87 ans, un ancien agriculteur dont on ne sait pas bien s’il est vraiment perclus de maux ou si, encore en pleine forme, il simule pour être plaint, chouchouté par les siens. "Je ferais mieux de mourir vite", répète-t-il en boucle. Sa fille craque, et c’est le petit-fils qui prend le relais. A sa façon : si son grand-père veut mourir, il va l’y aider, tout en extrême gentillesse, en se pliant à tous ses caprices. L’aïeul, ainsi, verrait s’amenuiser son autonomie, ses facultés. Mais l’on se doute que rien ne se passera ainsi. Au contraire, chacun des deux retrouvera un regain de vigueur. Et même, Kento, un job. J.-C. P.