En piste pour l'oscar du meilleur acteur (23 février), Leonardo DiCaprio interprète le rôle d'un patron du FBI plus vrai que nature dans J. Edgar, le film biographique (sortie le 11 janvier) que Clint Eastwood consacre à John Edgar Hoover, figure incontournable qui a fait la pluie et le beau temps entre 1924 à 1972 aux Etats-Unis et a vu passer huit présidents. L'histoire écrite par Dustin Lance Black (scénariste de Harvey Milk) a évidemment maintes sources d'inspiration, à commencer par la biographie du journaliste Anthony Summers traduite au Seuil en 1995, Le plus grand salaud d'Amérique : J. E. Hoover, patron du FBI. En novembre, Athan Theoharis revenait sur les abus de pouvoir et les intrusions dans la vie privée des stars commises par l'espion dans J. Edgar, directeur du FBI : scandales et dossiers secrets, chez Original Books. En 2005, Marc Dugain faisait de cette vie un roman dans La malédiction d'Edgar (Gallimard), avant d'en faire une BD en trois volumes illustrée par Didier Chardez chez Casterman. Homosexuel caché, amateur d'objets d'art et de courses, décrit comme un personnage haineux et paranoïaque par ses biographes, J. E. Hoover a également inspiré le premier volet de la trilogie de James Ellroy, American Tabloid (Rivages, 1995, rééd. 2007), tandis que son ombre traverse les pages d'Un autre monde de Barbara Kingsolver, Orange Prize 2010, paru le 4 janvier en version poche chez Rivages Noir.
Le 18 janvier dans Millénium, Mikael Blomkvist reprend vie sous les traits de Daniel Craig dans la version américaine de David Fincher, qui adapte le premier tome de la trilogie de Stieg Larsson (Actes Sud). Dans Stieg Larsson avant Millénium (le 12 janvier chez Denoël Graphic), Guillaume Lebeau retrace, sur des dessins de Frédéric Rébéna, la jeunesse de l'écrivain suédois en trois instantanés, de son enfance à la création du magazine Expo. Un complément à la version d'Eva Gabrielsson, sa compagne pendant 32 ans, qui racontait en janvier 2011, avec Marie-Françoise Colombani, comment la trilogie illustre la lutte permanente et individuelle de l'écrivain pour la morale et la justice (Actes Sud). Celles-ci sont incarnées dans le roman par les principaux personnages, étudiés en décembre par Eric Bronson et William Irwin dans Les secrets de la trilogie Millénium : dans la tête de Stieg Larsson (éditions Encore). Jean-Louis Bischoff, lui, s'étant simplement attaché à étudier celui de Lisbeth Salander : une icône de l'en-bas (avril 2011 chez L'Harmattan).
De manière encore plus assumée, Frédéric Beigbeder fait jouer son propre rôle à Gaspard Proust dans son premier film, L'amour dure trois ans, adapté le 18 janvier de son roman autobiographique réédité chez Grasset. Quand à Duch, Le maître des forges de l'enfer, il apparaît lui-même dans sa monstruosité de criminel de guerre dans le documentaire de Rithy Panh (L'élimination, Grasset), en salles également le 18, et diffusé en avant-première le 9 janvier à 23 h sur France 3.