Lancée le 15 mai par la projection hors compétition de Gatsby le magnifique de Baz Luhrmann (1), la sélection officielle du 66e Festival international du film de Cannes mettra le projecteur sur de nombreux livres, qu’ils soient adaptés ou fassent écho aux thèmes des 19 longs-métrages en compétition. Parmi les 6 films français sélectionnés, Michael Kohlhaas d’Arnaud des Pallières est adapté d’une nouvelle d’Heinrich von Kleist à paraître le 29 mai chez Mille et une nuits. Arnaud Desplechin s’est emparé de la véritable histoire d’un vétéran amérindien de la Seconde Guerre mondiale, sujet d’étude de l’ethnopsychanalyste Georges Devereux dans Psychothérapie d’un Indien des plaines (Fayard) qu’il présentera sous le titre Jimmy P. Pour la première fois, le Franco-Tunisien Abdellatif Kechiche montera les marches du Palais pour défendre La vie d’Adèle, adapté de la bande dessinée Le bleu est une couleur chaude, de Julie Maroh (Glénat). Enfin, s’il porte les couleurs de la Pologne, La Vénus à la fourrure de Roman Polanski réunit les Français Mathieu Amalric et Emmanuelle Seigner dans les rôles d’un metteur en scène et d’une comédienne, personnages de la pièce de l’Américain David Ives, elle-même tirée du roman de Leopold von Sacher-Masoch. Parmi les autres films en compétition, Wara no tate (Straw shield) du Japonais Takashi Miike est adapté d’un manga de Kazuhiro Kiuchi, connu pour sa série animée Be-bop high school. Michael Douglas redonne vie au chanteur et pianiste homosexuel Douglas Eye Liberace dans le biopic de Steven Soderbergh, Behind the candelabre. La vie de Liberace a été romancée par Amanda Sthers en 2010 chez Plon et a aussi fait l’objet d’un des dix portraits des Grands excentriques par Jean-Emile Néaumet en 2008 chez City. Invité à présenter Only God forgives, dans lequel il réunit Ryan Gosling et Kristin Scott Thomas, le Danois Nicolas Winding Refn se livre à Bruno Icher dans Conversations avec Nicolas Winding Refn, à paraître le 14 novembre chez Sonatine. S’il s’agit cette fois d’un scénario original, La grande bellezza de Paolo Sorrentino (prix du Jury au Festival de Cannes 2008 pour Il Divo) raconte l’histoire de Jep Gambardella, écrivain journaliste désabusé. Un personnage qui, comme celui du premier roman du réalisateur italien (Ils ont tous raison, Albin Michel, 2011), est désenchanté par son pays, gagné par la vulgarité et l’argent roi. Enfin, Zulu, le thriller du Français Jérôme Salle, avec Forest Whitaker et Orlando Bloom, dont on a déjà annoncé qu’il ferait la clôture du festival le 26 mai, est adapté du roman éponyme de Caryl Férey (Gallimard, 2008), couronné par de très nombreux prix littéraires.
Marie-Christine Imbault
(1) Voir LH 949 du 12.4.2013, p. 9.