Le président de l'Institut culturel roumain (ICR) Horia Patapievici et toute l'équipe de direction de cette institution chargée de promouvoir les artistes roumains à l'étranger ont annoncé leur démission lors d'une conférence de presse à laquelle ont assisté artistes et directeurs de centres culturels étrangers (voir également notre actualité du 5 juillet).
Des dizaines d'artistes dont le cinéaste Cristi Puiu, primé à Cannes, ont exprimé jeudi leur inquiétude pour l'indépendance de la culture en Roumanie, dénonçant la volonté du gouvernement de se servir de cette dernière "comme instrument de propagande" nationaliste.
"La plus mauvaise forme de patriotisme est le nationalisme", a-t-il ajouté dénonçant "un coup dur porté aux artistes".
La démission de la direction de l'ICR et la mobilisation de centaines d'artistes dans le monde entier depuis deux mois dont les Prix Nobel de littérature suédois Tomas Tranströmer et allemand Herta Müller font suite à un décret d'urgence du gouvernement de centre gauche, arrivé au pouvoir en mai, qui change la structure et la mission de l'Institut.
L'ICR a dorénavant pour mission de "conserver l'identité nationale" alors qu'il se chargeait avant tout jusqu'ici de promouvoir les voix artitistiques indépendantes.
Le cinéaste Cristian Mungiu, plusieurs fois primé à Cannes, a évoqué une "épuration".
De son côté, le ministre de la Culture Puiu Hasotti s'est étonné des remous suscités par le changement de statut de l'ICR, dans une interview à Mediafax.
"Le fait que cet institut passe de la tutelle de la présidence sous celle du Sénat ne justifie pas les positions publiques des dirigeants de l'ICR", a-t-il affirmé.
Le Premier ministre Victor Ponta avait en juin reconnu un "manque de dialogue" de son gouvernement sur cette question tout en rejetant les critiques sur une prise de contrôle de l'institution.