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Après plusieurs jours de crise, le festival de BD d'Angoulême s'oriente vers un changement de gouvernance

Sur le festival d'Angoulême - Photo Olivier Dion

Après plusieurs jours de crise, le festival de BD d'Angoulême s'oriente vers un changement de gouvernance

L'association ADBDA, réunissant les pouvoirs publics, les professionnels et le festival, « pilotera la prochaine mise en concurrence qui désignera un successeur à l'actuel organisateur » du Festival international de la bande dessinée d'Angoulême, font savoir les pouvoirs publics dans un communiqué de presse. 

Par Pierre Georges
avec AFP Créé le 17.11.2025 à 18h04

Pouvoir publics et milieu de la BD veulent reprendre la main sur le Festival international de la bande dessinée d'Angoulême (FIBD), dont l'organisation est depuis des mois sous le feu de critiques qui ont conduit, lundi 17 novembre, à une mise en retrait de la présidente contestée de l'association historique.

Après une réunion avec des organisations de la BD, les financeurs publics ont fait savoir à l'association FIBD, vendredi 14 novembre, qu'ils voulaient « reprendre la main avec la profession » sur l'organisation future de l'événement, et que ce n'était « pas discutable », a déclaré lundi à l'AFP le maire d'Angoulême, Xavier Bonnefont.

« Je crois que l'association a compris qu'elle n'était plus en mesure de faire barrage », a-t-il ajouté, précisant que le retrait de Delphine Groux, présidente de l'association FIBD était « un impératif » aux yeux des financeurs mais qu'ils n'avaient « pas eu besoin de le demander ».

Dans un communiqué publié lundi, la préfecture et le conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, le département de la Charente, la ville et l'agglomération d'Angoulême ont ainsi proposé « que l'Association ADBDA, qui réunit les pouvoirs publics, les professionnels et le festival, pilote la prochaine mise en concurrence qui désignera un successeur à l'actuel organisateur ».

Cette Association pour le développement de la bande dessinée à Angoulême (ADBDA) avait été créée en janvier 2017, après une précédente menace de boycott des éditeurs qui réclamaient, déjà, une « refonte radicale » de l'événement. Ses statuts doivent être « mis à jour afin de laisser leurs places légitimes aux professionnels (autrices, auteurs, maisons d'édition) et d'élargir l'espace d'échange », indiquent les financeurs publics, qui proposent d'organiser « l'assemblée générale de la nouvelle ADBDA » lors de la prochaine édition du festival, du 29 janvier au 1er février 2026.

Des mois de crises

L'incendie s'est déclaré juste avant l'ouverture de la 52e et dernière édition du grand rendez-vous mondial de la bande dessinée, fin janvier. La société privée 9eArt+, organisatrice de l'événement depuis 2007, et son directeur décrié Franck Bondoux sont alors accusés dans l'Humanité magazine d'opacité financière, de « dérives » mercantiles et d'avoir licencié une salariée, en 2024, qui venait de porter plainte pour un viol survenu en marge du festival.

Une information judiciaire est ouverte sur ces faits et, en parallèle, la jeune femme conteste devant les prud'hommes son licenciement pour « faute grave ». Son ex-employeur dénonce « un amalgame volontaire et critiquable entre deux procédures totalement distinctes », et invoque des « manquements graves » pour justifier son licenciement.

La profession s'enflamme et des auteurs, puis des éditeurs, ont indiqué leurs souhaits de boycotter l'édition 2026. Également sous pression des financeurs publics, qui abondent presque la moitié du budget du festival, l'association FIBD présidée par Delphine Groux, fille d'un des cofondateurs historiques du festival créé en 1974, met fin au contrat de 9eArt+ à partir de 2027 et ouvre à la concurrence l'organisation future de l'événement.

« Confiance rompue »

Mais sa décision, début novembre, de reconduire 9eArt+, dans le cadre d'un rapprochement souhaité avec la Cité de la BD à Angoulême, provoque un tollé. Et même l'annonce, jeudi dernier, d'une nouvelle procédure écartant cette fois la société de Franck Bondoux (pour l'après 2027) ne ramène pas le calme.

Pour le syndicat national de l'édition (SNE), « la confiance est rompue » et Mme Groux, « artisan du chaos, ne peut pas piloter un nouvel appel à projets ».

L'association FIBD sera désormais représentée dans cette structure par Dominique Brechoteau, « une figure historique et incontestée du festival, qui devrait apporter une forme d'apaisement supplémentaire », souligne Frédéric Vilcocq, conseiller culture à la Région. « En quelques jours, on a obtenu et piloté pas mal de nouvelles avancées », estime Xavier Bonnefont. « Ce sont les bases d'une vraie interprofession qui serait créée sous l'égide de l'ADBDA et qui piloterait demain le festival ». Il reste toutefois « prudent » sur la levée des menaces de boycott pour la prochaine édition.

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