6 janvier > BD France

Que feriez-vous si la boulangère chez qui vous achetez chaque matin un muffin vous annonçait un jour, en réponse à votre rituel "A demain Maggie", que demain, non, elle ne serait plus là, et que le lendemain on trouvait son patron écrasé sous des étagères ? Modeste employé d’un cabinet d’assurance de Watertown (Massachusetts), Philip Whiting, lui, est intrigué. Bravant sa timidité, il entame une enquête qui le mène à Stockbridge, où une certaine Marie ressemble étrangement à Maggie.

Artiste majeur, Jean-Claude Götting s’identifie à l’épaisseur de son trait noir et à la subtilité de ses textures de gris. Il les éclaire cette fois de jaunes et de bleus pâles qui projettent une atmosphère crépusculaire sur ce polar psychologique très hitchcockien. Watertown, dont l’action se déroule dans les années 1950, puise dans les codes du polar de l’époque. Mais il en donne une version parodique, qui interroge les apparences, les faux-semblants et les travers de la nature humaine.

Techniquement d’ailleurs, le style narratif de Götting, qui évoque aussi bien Miles Hyman que Loustal, avec lequel il a travaillé, relève plus du nouveau roman que du roman policier. Texte sobre et précis, déployé pour l’essentiel sous les dessins, dialogues réduits à l’essentiel et économie d’effets graphiques, avec rarement plus de six cases par page, distillent une ambiance ouatée, presque irréelle. Fabrice Piault

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