Depuis son arrivée à Los Angeles, en tant que chroniqueur judiciaire pour le Los Angeles Times, Michael Connelly s’est épris pour la Cité des anges. "À l’âge de 30 ans, j’ai estimé qu’il était temps d’opérer un grand changement. J’ai précisément choisi d’emménager là où mon inspiration en matière de livres et de films était la plus féconde", raconte le romancier dans une interview au Monde des livres, en juillet 2020. Il est en effet âgé d’une trentaine d’années quand il écrit Les égouts de Los Angeles (Le Seuil, 1993), son premier roman ayant comme toile de fond la ville californienne.
Face au crime et aux violences de la ville de l’Ouest américain, l’auteur décide de créer l’un de ses personnages emblématiques, l’inspecteur Hieronymus Bosch, dit "Harry Bosch", du LAPD (Los Angeles Police Department). L’homme, qui vit dans "sa petite maison à deux niveaux qui s’accroche au flanc de la colline comme un personnage de dessin animé se cramponne au bord de la falaise" (Le verdict du plomb, Le Seuil, 2009), sillonne à la fois l’œuvre de Connelly et la vallée de Los Angeles. Le policier "voyait jusqu’à Burbank et Glendale. Il apercevait les montagnes teintées de mauve au-delà de Pasadena et d’Altadena. Parfois, il distinguait les colonnes de fumée et le flamboiement orange des feux de broussaille dans les collines. La nuit, le ronflement de l’autoroute s’atténuait et les projecteurs d’Universal City balayaient le ciel" (Les égouts de Los Angeles). Depuis la parution des Égouts de Los Angeles, le policier a été le héros de vingt-cinq polars, comme Ceux qui tombent, Le verdict du plomb, ou Le dernier coyote.
Loin des paillettes d’Hollywood et des quartiers huppés de la ville, l’écrivain dépeint le quotidien d’enquêteurs ou d’avocats face à la criminalité. Son univers est celui des prostituées, des hôtels minables et des crimes non élucidés. Né à Philadelphie, dans l’État de Pennsylvanie, en 1956, Michael Connelly s’est très vite fondu dans la masse californienne. "Une fois sur place, vous vous rendez compte que c’est un territoire immense qui change tout le temps. Vous commencez à sentir que vous pouvez trouver votre propre chemin, inventer des histoires et des personnages qui se distinguent de héros emblématiques du genre et des romans antérieurs sur Los Angeles", explique-t-il au Monde des livres.
Les couchers de soleil avaient ce pouvoir, à L.A. Ils vous faisaient oublier que leurs couleurs étincelantes étaient dues au smog, que derrière chaque jolie carte postale pouvait se cacher une histoire peu ragoûtante.Michael Connelly, Les égouts de Los Angeles, Le Seuil, 1993
Une ville aux multiples visages
Depuis la parution de son premier roman, The Black Echo, en 1992, devenu Les égouts de Los Angeles l’année suivante, l’univers de Michael Connelly ne quitte que rarement "The Big Orange", exception faite avec Le poète (1996), qui se déroule dans le Colorado. Dans la quatorzième aventure d’Harry Bosch, intitulée Le verdict du plomb, Michael Connelly passe au crible les aspects les plus sombres d’Hollywood, "la destination finale de tous les monstres et autres perdants de la société". Dans son roman, il évoque le racisme, la corruption, et la brutalité de la ville californienne.
Los Angeles est un lieu où tout le monde vient d'ailleurs et où personne ne jette jamais vraiment l'ancre. Un lieu de passage. Plein de gens attirés par le rêve, de gens qui fuient le cauchemar en courant. Ils sont douze millions et tous sont prêts à dégager si nécessaire.Michael Connelly, Le verdict du plomb, Le Seuil, 2009
En 1986, Michael Connelly, tout juste âgé de 30 ans, figure parmi les finalistes du prestigieux prix Pulitzer pour un article sur les survivants du vol Delta Air Lines 191, pour le quotidien floridien Sun-Sentinel. L’article explore le sujet de la culpabilité des survivants. La même année, le journaliste doit faire face à une catastrophe pour le monde du livre. Le 29 avril 1986, près de 500 000 livres se sont consumés dans l’incendie criminel qui a ravagé la Bibliothèque centrale de Los Angeles.