L’éditrice Jeannine Balland-Bergot est morte le 17 avril à l’âge 90 ans, a-t-on appris par Calmann-Lévy. « Cette grande dame de l’édition vient de nous quitter en laissant une œuvre d’éditrice importante et nous continuons de défendre sa collection « Territoires » [anciennement « France de toujours et d’aujourd’hui », ndlr], lancée il y a dix ans, aujourd’hui dirigée par Lisa Liautaud avec Vincent Brochard, collaborateur de longue date de Jeannine Balland-Bergot », écrit en son hommage Philippe Robinet, directeur général de la maison.
Née le 10 mai 1929, Jeannine Balland-Bergot était une figure marquante de l’édition dont elle aura vécu tout un pan de l’histoire. Dans les années 1960, elle est à la tête des éditions Balland aux côtés d’André Balland, et côtoie d’autres grands éditeurs emblématiques de cette époque, comme Robert Laffont ou Pierre Belfond.
Avec l’appui de Claude Nielsen, elle créé ensuite au sein du groupe des Presses de la Cité une collection de récits de combattants autour d’Erwan Bergot, officier parachutiste survivant de Dien-Bien-Phu, qui deviendra son mari et dont le nom sera donné, après sa mort prématurée, au prix littéraire de l’Armée de terre, auquel elle participe en tant que membre du jury. La collection comprend nombre d’essais historiques sur les grandes batailles françaises à l’étranger, signés Jean Pouget, Michel Hérubel, Frédéric Pons ou Maurice Schmitt.
Des terroirs aux polars
A partir d’un manuscrit de Marie-Paule Armand arrivé par la poste, elle lance sa collection de romans régionaux qui fera son succès d’éditrice. C’est ainsi qu’elle rassemble autour d’elle des plumes de première importance qui, grâce à elle, auront accès à un lectorat de plus en plus nombreux.
Chez Calmann-Lévy, elle a aussi édité les romans de Jean Anglade, Jean-Paul Malaval, Antonin Malroux, Jean-Michel Thibaux, Eric Le Nabour, Edouard Brasey, Nathalie de Broc, Marie-Bernadette Dupuy... En 2015, elle avait diversifié les genres en s’attaquant au polar de terroir.
Elle aimait défendre cette littérature souvent snobée à Paris, parce que les lecteurs d’aujourd’hui sont davantage « attachés aux valeurs que véhicule cette littérature, comme la solidarité, et qui sont un peu oubliées aujourd’hui dans notre société », déclarait-elle à Livres Hebdo en 2013.
« Rien du monde du livre ne laissait Jeannine Balland-Bergot indifférente et elle s’intéressait à tous les maillons de la chaîne qui amène l’œuvre d’un auteur depuis sa table de travail jusqu’entre les mains de ses lecteurs », rappelle Calmann-Lévy. « Elle aimait le contact des représentants commerciaux qui défendaient ses livres, aller à la rencontre des libraires lors des dîners qu’elle organisait en province, converser avec les lecteurs sur les salons littéraires », ajoute l’éditeur.