L'académicien et écrivain Michel Mohrt est décédé à 97 ans, mercredi 17 août. Né le 28 avril 1914 dans le Finistère, il fait des études de droit et de lettres à Rennes, s'inscrit au barreau de Morlaix en 1937, fait la campagne de 1940 comme officier sur le front des Alpes, avant de rejoindre le barreau de Marseille ; il accepte ensuite un poste dans l'industrie et passe une partie de l'Occupation à Vichy. Il recevra la Croix de guerre.
En 1946, après un an comme lecteur aux éditions Robert Laffont, il accepte un poste de direction littéraire dans une maison d'édition canadienne-française à Montréal. Installé en Amérique du Nord, il y enseigne pendant 5 ans dans de prestigieuses universités américaines. Depuis, il est l'un des meilleurs spécialistes français de littérature anglo-saxonne, et entre en 1952 chez Gallimard où il dirige les traductions de langue anglaise. Il a signé la préface du roman de l'américain Alfred Hayes, In love, qui se déroule dans la ville de New-York dans les années 50, réedité chez Stock le 1e juin dernier.
Critique littéraire et cinématographique au Figaro, le breton membre de l'Académie française depuis 1985 au fauteuil de Marcel Brion, a été fait officier de la Légion d'honneur, officier des Arts et des Lettres et a été primé pour ses romans et essais dont le Grand prix du roman de l'Académie française pour La prison maritime (Gallimard), le Grand prix de la critique littéraire pour L'air au large (Gallimard) ou le Gand prix de la ville de Paris en 1990 pour l'ensemble de son oeuvre.
Dernièrement, l'homme élégant à moustache et au cigare qui ressemblait tant à ses personnages a publié chez Gallimard Jessica ou l'amour affranchi et Tombeau de la Rouërie, respectivement en 2002 et 2000.
“Fin connaisseur du roman anglo-américain, éditeur inspiré de Kerouac, Roth ou Styron, il était entré en littérature en pleine mode du nouveau roman, la Bretagne au coeur, en réinventant le goût des histoires de guerre, de mer et d'exils, et en retrouvant le sel perdu des monologues et des dialogues, à la façon d'un Faulkner breton”, a souligné Frédéric Mitterrand dans un communiqué jeudi 18 août, louant sa “qualité particulière faite de subtilité, de rigueur et de cette distance fraternelle que Jean d'Ormesson a appelé « le charme Michel Mohrt »”.