12 mars > BD France

Didier Tronchet est connu pour ses séries mettant en scène avec un humour grinçant et empathique la misère humaine et les milieux populaires du nord de la France, dont il est originaire : Jean-Claude Tergal (Fluide glacial), Raymond Calbuth (Glénat), Les damnés de la terre associés (Delcourt), Les Poissart (Albin Michel, puis Drugstore et Glénat). Aussi, pour aborder dans une veine plus intimiste des questions sur la famille et la filiation, il a choisi en 2011 le roman, chez Flammarion, comme il l’avait fait auparavant pour Ton père, ce héros ou Nous deux moins toi. L’adaptant en bande dessinée sous le même titre, Le fils du yéti, il signe l’un de ses livres les plus personnels.

Au fil de neuf jours métronomiquement égrenés, le narrateur se trouve replongé dans les souvenirs et les traumatismes de son enfance, en particulier la mort prématurée de son père, avant de se réconcilier avec lui-même. Plusieurs événements contrariants - un incendie au-dessus de chez lui, l’illusion de la mort d’un ami, les funérailles de sa grand-mère… - font office de révélateurs. Ils ballottent ce trentenaire décalé dans les relations sociales et amoureuses, entre un présent insatisfaisant et un passé douloureux.

Marqué non seulement par l’absence du père, mais plus encore par les mensonges qui ont entouré sa disparition, le narrateur est pourtant porté par une puissante capacité d’autodérision. Avec elle, il traverse toutes les situations, faisant du cauchemar pénible un parcours de reconquête de l’estime de soi. Fabrice Piault

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