Le film sort en salles quelques jours après sa présentation cannoise, auréolée d’une critique dithyrambique. Entre thriller et étude de mœurs de la bourgeoisie parisienne, l’histoire est celle d’une patronne de société de jeux vidéos qui, un après-midi, se fait violer par un inconnu dans sa maison.
"Le film suit assez précisément le roman", selon Philippe Djian, invité à Cannes pour l’occasion. S’il y a quelques différences entre Elle et Oh…, elles se situent dans des détails. "On a vraiment respecté le roman, car c’est un très grand roman" a justifié Paul Verhoeven lors de la conférence de presse.
Pour l’écrivain, "Si le film suit le livre, ça n’a pas tellement d’intérêt. Je ne cherche pas en tant qu’auteur à savoir si le livre n’a pas été trahi. (…) Quand on ne veut pas être trahi, on commence par ne pas vendre les droits. Et j’espère qu’il y a une trahison. La trahison ce n’est pas forcément aller à l’encontre. Trahir ça peut être aussi dépasser ce qu’on a voulu mettre … " Il ajoute qu’Isabelle Huppert, en incarnant le personnage de Michèle, "a apporté quelque chose qui n’est pas une trahison, ou plutôt, qui est une trahison merveilleuse". En la voyant, il a vu le personnage qu’il a essayé de décrire durant tout le temps de la rédaction du livre.
Une amoralité impossible pour Hollywood
Paul Verhoeven, qui a réappris le français pour tourner ce film hexagonal, a précisé que "le plus gros travail a été de comprendre la structure du roman, car on ne voulait pas trop l’américaniser." "Je savais qu’on pouvait en faire un film, mais il fallait y réfléchir, trouver ma manière à moi de m’approprier cette histoire que je n’aurais jamais inventée moi-même."
Alors que le film a été écrit par un scénariste américain, David Birke, puisqu’à l’origine le projet devait être américain, le réalisateur et l’adaptateur ont pu en conserver l’amoralité en rapatriant le projet en France. "Je n’aurai jamais pu faire ce film aux Etats-Unis avec la même authenticité", explique le réalisateur de Basic Instinct.
5e adaptation d’un roman de Djian, et première à être réalisée par un étranger, Oh… change de titre pour le cinéma car cela "rappelait trop Histoire d’O !", précise Paul Verhoeven (adaptation qu’il devait d’ailleurs filmer à ses débuts).
Pour Isabelle Huppert, le point commun entre Djian et Verhoeven se situe dans l’écriture, qui se fonde, selon elle sur la maîtrise "d’une dissonance, une musicalité basée sur les ruptures".
Paul Verhoeven a plusieurs projets en cours, mais il a annoncé à Cannes qu’il était intéressé par une histoire se déroulant en 1943, à Lyon, lorsque Klaus Barbie et Jean Moulin s’y trouvaient.