Pour son premier roman chez Anne Carrière, où il a suivi son éditeur Jean-Baptiste Gendarme, Arnaud Dudek poursuit son exploration du monde contemporain. Mais un romancier est souvent une éponge, et Dudek a imaginé une politique-fiction très contemporaine, réaliste, avec juste un léger décalage temporel : toute ressemblance, etc.

Nous sommes en 2020, après les élections municipales, où Maxime Ronet, ancien apparatchik du Parti, mais qui n'avait jamais sollicité aucun mandat, vient d'être élu maire de Nevilly, sous l'étiquette de la Majorité. Issu d'une famille modeste, de gauche, Maxime a toujours voulu être un chef, un leader, qui laissera des traces de son passage sur terre. Ses ambitions ont vite été déçues. Côté vie privée, ce n'est guère mieux. Depuis que sa copine de terminale, Caroline, enceinte de ses œuvres, a refusé de garder leur enfant, puis rompu, il vit seul, se contentant de quelques relations épisodiques.

Au début, tout va bien pour lui. Assisté par la très efficace Alice Larchet (amoureuse, elle préférera s'éloigner plutôt que briser son mariage et sa famille), il dirige sa ville comme un « manager », et prend quelques mesures positives. Mais il se rend vite compte, comme d'autres de ses collègues venus eux aussi de l'« Ancien monde », qu'ils ne sont que des « prestataires de services », accablés par leurs administrés et méprisés dans leur propre Mouvement. Sans parler du sommet de l'Etat.

Quand il a trop le blues, Maxime se remémore ses années de grenouillages pour en arriver là, sous la houlette de son mentor, Maurice Garaud, lequel lui fait même miroiter un poste de député des Français de l'étranger, ou la suppléance d'une députée quasi ministrable... Un mini-scandale médiatique, où Maxime s'est lâché sur le blog d'un lycéen, viendra mettre un terme à ces grands projets. Surtout, on retrouve, suicidée, Emma Nizan, qui lui avait demandé plusieurs fois des rendez-vous qu'il avait toujours reportés. Avec Alice, le maire culpabilise : est-ce à cause de lui qu'Emma a mis fin à ses jours ? Que voulait-elle, aurait-il pu l'aider ? Ils vont alors se lancer dans une enquête sur la jeune femme, qui était poète, et une quête, en manière de rédemption.

Comme toujours chez Dudek, c'est bien mené, efficace, et il a parfaitement saisi l'époque que nous vivons. Son livre est peut-être le premier roman de « l'ère Macron ».