Après Tanta vita ! (Belfond, 2014), son premier roman traduit en français, le jeune prodige de la littérature italienne Paolo Di Paolo, 32 ans et déjà quinze livres au compteur, auxquels s’ajoutent ses articles dans La Stampa et ses collaborations à la télévision, revient avec un roman plus cérébral et déstructuré, Où étiez-vous tous, lequel est en fait antérieur à Tanta vita !.
C’est une chronique de l’Italie contemporaine, rédigée à la première personne par un narrateur de 26 ans, Italo Tramontane, un étudiant en histoire qui se pose beaucoup de questions, où se mêlent événements de son cercle familial et épisodes navrants de l’actualité politique italienne durant les années Berlusconi. Tout cela finit par se mélanger, Italo accusant son père, Mario, professeur d ‘histoire et de lettres récemment retraité qui, désœuvré, humilié, s’interroge sur le sens de toute sa vie, de s’être "berlusconisé". Lui, dont le propre père, mort à 90 ans, fut autrefois un militant communiste convaincu ! Mais "tout fout le camp", dans cette Italie de 2009, en crise comme la famille Tramontane : Mario a volontairement accroché avec sa voiture, sans gravité, un de ses anciens élèves, Marangoni Thomas, sa bête noire, qui se trouve être aussi le petit copain de sa fille Anita. Il risque un procès. Sa femme, qui n’en peut plus, part un temps pour faire le point à Berlin, où Italo ira la retrouver, la ramener.
Après cet épisode de fort tangage, la famille Tramontane se ressoudera, mais le trauma demeure : "Est-il possible d’interroger son propre père ?" se demande Italo, surtout si celui-ci est un taiseux. Leur relation, compliquée donne son cœur au roman. J.-C. P.