David Shulman, «Un si sombre espoir » (Seuil) : Poétique de la résistance 

David Shulman - Photo DR

David Shulman, «Un si sombre espoir » (Seuil) : Poétique de la résistance 

L'indianiste israélien David Shulman poursuit son combat non-violent pour la paix et la justice sur les collines du sud d'Hébron. Tirage à 2000 exemplaires.

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Par Sean Rose
Créé le 09.11.2021 à 18h05

L'espoir est ce qui est resté au fond de la boîte que Pandore a refermée à temps alors que tous les maux de notre condition d'homme s'en sont échappés et répandus sur la face de la Terre. Devant la maladie, la vieillesse, la mort... l'humanité ne peut rien d'autre qu'espérer. Plongée dans les ténèbres de la boîte, une telle espérance ressemble parfois à du désespoir. Mais un « pessimisme tonique », comme dit l'historien Maurice Olender dans la préface d'Un si sombre espoir : Sur les collines du sud d'Hébron. Après Ta'ayush, journal d'un combat pour la paix, Israël-Palestine 2002-2005 (Seuil, 2006), David Shulman, grand spécialiste de la littérature et la culture de l'Inde du Sud, continue de relater son combat pour la paix. Il est l'un des fondateurs du mouvement Ta'ayush regroupant Israéliens et Palestiniens, qui milite pour la création de deux États afin de résorber le conflit israélo-palestinien - Ta'ayush signifiant « coexistence » en arabe.

Manifestations contre les évictions des paysans palestiniens, replantage d'arbres détruits par les exactions de l'armée israélienne, aide à ceux que ces expulsions ont privés de ressources... l'association inscrit ses pas dans ceux de Gandhi et de Martin Luther King et prône des actions non-violentes face à la riposte violente du gouvernement de l'État hébreu et des colons juifs des territoires occupés en Cisjordanie.

David Shulman est animé d'une flamme qui le maintient sur le qui-vive : alors qu'il pourrait rester tranquille chez lui, auprès de son épouse, profiter de ses petits-enfants, le voilà reparti, direction les coteaux de Cisjordanie. « J'ai été chassé, témoigne-t-il, de nombreux champs au sud d'Hébron par des soldats qui exécutaient des ordres. Chaque expulsion a laissé une plaie ouverte dans mon cœur. »Et de souligner : « Ce comportement est illégal selon les lois de la Cour suprême mais au sud d'Hébron, celle-ci n'est qu'une entité nébuleuse, bien lointaine. La seule loi qui règne ici est celle des armes. » L'indianiste et militant de la paix n'a pourtant rien d'un chantre béat du pacifisme, il sait l'Orient compliqué et l'âme humaine complexe. Jamais manichéen, ni même sûr d'être tout à fait altruiste, seulement il n'ignore pas que « le conflit qui fait rage dans ce pays torturé n'est pas un jeu à somme nulle où il ne peut y avoir qu'un seul gagnant. La vérité est limpide : soit les parties gagnent ensemble ; soit elles perdent toutes les deux ».

Les mots si nus, si précaires de Shulman font tout le sel de ce récit de résistance, sel des larmes de désespoir, mais qui brillent à la clarté d'un horizon - sentiment « intoxicant » de la liberté de dire non à l'injustice. Car l'auteur a la conviction, chevillée au corps, que nous sommes tous humains. Trop humains. Pas assez...

David Shulman
Un si sombre espoir Traduit de l’anglais par Michèle Hechter
Seuil
Tirage: 2 000 ex.
Prix: 22 € ; 240 p.
ISBN: 9782021392982

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