Politique

Dans les Pays de la Loire, le monde du livre en première ligne des coupes budgétaires

Un manifestant muni d'une tronçonneuse en carton siglée Région Pays de la Loire dénonce les coupes budgétaires massives touchant le milieu de la culture annoncées par la présidente de région Christelle Morançais - Photo ESTELLE RUIZ Hans LucasHans Lucas via AFP

Dans les Pays de la Loire, le monde du livre en première ligne des coupes budgétaires

La décision de la présidente de la région Pays de la Loire Christelle Morançais de réduire de 73 % le budget alloué à la culture menace la pérennité de l'activité de nombre d'acteurs du livre. À l'instar du festival Cultissime, de la revue 303 ou des libraires de la Région, tous disent leur inquiétude.

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Par Léon Cattan
Créé le 01.12.2024 à 21h08 ,
Mis à jour le 01.12.2024 à 23h54

« Nous sentions venir la mauvaise nouvelle, sans se douter qu’elle le serait à ce point. » La semaine dernière, Phalène de La Valette, Julie Malaure (par ailleurs collaboratrice à Livres Hebdo) et Armelle Gallineau, organisatrices du festival angevin Cultissime, ont appris que leurs subventions régionales ne seraient pas renouvelées, et ce, malgré une première édition prometteuse en 2024. Soit 100 000 euros de moins, dans un budget qui en mobilisait 300 000. « C’est une incohérence politique totale, poursuit Phalène de La Valette auprès de Livres Hebdo. Ce n’est pas logique d’apporter un investissement aussi conséquent cette année pour totalement se retirer du projet juste après. Et encore, si nous étions les seules concernées… » 

Les institutions culturelles locales en déroute

Car Cultissime n’est pas un cas isolé. Le 17 octobre dernier, la présidente (Horizons) des Pays de la Loire, Christelle Morançais faisait part de sa volonté d’économiser 100 millions d’euros. « Alors que le Gouvernement ponctionne les collectivités et que la croissance ralentit, faire des économies de fonctionnement relève de tout sauf d’un choix ou d’un caprice », a-t-elle indiqué sur les réseaux sociaux. La décision implique de réduire le budget culturel du territoire de 73 %, et de supprimer 100 emplois. Elle a suscité une vive indignation du monde de la culture, y compris chez les libraires et les éditeurs, également touchés par la mesure. 

« Les éditions 303 viennent d’être informées d’un arbitrage budgétaire alarmant, affirme la rédaction de la revue quadragénaire dans un communiqué. Le projet de budget 2025 prévoit une réduction drastique de 50% de la subvention de fonctionnement, avant son retrait en 2026. Cette décision menace directement l’existence de la revue. »

Dans un autre texte, c’est au tour du Syndicat de la librairie française d’appeler à la mobilisation. Le SLF souligne notamment que l’application de cette mesure (examinée par les élus le 19 et 20 décembre) condamnerait l’association des librairies indépendantes du Pays de la Loire (ALIP) à perdre la totalité de sa subvention annuelle en 2025. La maison Julien Gracq, le pôle ressource Mobilis et le collectif régional d’éditeurs Coll-Libris seraient, eux aussi, affectés. 

« Il est vrai que la culture doit trouver de nouveaux modèles économiques, concède Phalène de la Valette. Mais à l’heure actuelle, tout est fait pour que nous soyons dépendants de ces modèles. » Dans une interview accordée au Courrier de l'Ouest, elle remettait d'ailleurs en question la dépendance institutionnalisée aux subventions des acteurs culturels. « La politique culturelle française depuis 80 ans et le système légal français font que les associations ont besoin de subventions publiques pour fonctionner. On serait les premiers à souhaiter une association qui fait du bénéfice, mais c’est interdit par la loi 1901(sur les associations à but non lucratif, N.D.L.R.)! », lançait-elle.

Cultissime bientôt délocalisé ?

Alors, clap de fin pour le festival des œuvres cultes ? Selon sa créatrice, pas tout à fait. Après le lancement d’un appel au don et d’une boutique de merchandising en ligne, une newsletter mensuelle, Plan culte, sera alimentée dès le mois prochain. Elle comportera notamment un épisode de podcast où les auteurs présents lors de la première édition partageront leurs œuvres préférées. En parallèle, les organisatrices envisagent « avec regret de quitter la région. Mais pas pour aller n’importe où. « Nous voulons un lieu aussi marquant que le musée Jean-Lurçat, affirme Phalène de la Valette. Bref, un endroit cultissime. »

La première liste des structures touchées par les coupes budgétaires dans Les Pays de la Loire (au 29 novembre 2024)

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