Ancienne championne nationale, Hilola Bigtree est une dompteuse d'alligators réputée. En maillot de bain vert deux-pièces, elle plonge dans la fosse pour assurer son numéro. Bienvenue à Swamplandia, en Floride. Un parc d'attractions situé sur une île, à une cinquantaine de kilomètres du réseau électrique du continent, qui a longtemps fait recette. Hilola est l'épouse de Chef Bigtree, un homme pour qui le paradis et l'enfer n'existent pas, et la mère de trois enfants, Kiwi, Ossie et Ava, la narratrice de ce premier roman de Karen Russell.
Ava a 12 ans quand sa maman est brutalement emportée par un cancer. Dès lors, tout commence à décliner. La fréquentation du parc ne cesse de baisser, le ferry débarque de moins en moins de visiteurs, et parfois même aucun. Kiwi fugue sur le continent pour devenir agent d'entretien dans un parc plus flamboyant, le "Monde de l'Obscur". Ossie découche, s'essaye au spiritisme, parle aux morts et aux fantômes, porte "des turbans de sa confection très peu flatteurs".
Ava, elle, n'a pas envie d'aller sur le continent, avec "ces flots de voitures et de gens, les gaz d'échappement au-dessus de l'autoroute, ces lotissements couleur de dragées où les continentaux [sont] sagement rangés comme des couverts dans un tiroir". Un jour, elle rencontre un oiseleur, avec une longue houppelande... Plébiscité par le New York Times comme l'un des cinq meilleurs romans américains de 2011, finaliste du Pulitzer, non décerné cette année, le coup d'essai de Karen Russell, née à Miami en 1981, distille il est vrai une ambiance unique. L'écrivaine, dont on attend la traduction du recueil de nouvelles St. Lucy's home for girls raised by wolves, s'impose déjà comme une voix singulière et forte de la jeune littérature américaine.