Avec 300 projets et une collecte de 700000 euros, l’édition représente 5% des projets portés par la plateforme et constitue un secteur en progression. Les BD, les beaux-livres, et la SF y sont les plus présents. “Il existe encore peu de projets de romans, souligne Alexandre Boucherot. Sans doute parce que l’impact de la qualité visuelle du produit sur la page d’accueil est essentiel.” Il souligne: “il faut avant tout chercher à créer l’adhésion autour du projet par la présentation, expliquer si l’argent va servir à l’impression ou à la diffusion du livre par exemple, et qui est le porteur de projet”.
Pour obtenir des financements, les contreparties sont importantes (proposer des affiches, des invitations à des événements, et la mention du nom du financeur dans l’œuvre finalisée). “Mais les contributeurs veulent surtout se sentir engagés en partageant l’histoire du livre en train de se faire, avec des photos avant impression, des anecdotes, le BAT.” Les souscriptions vont de 5 à 10 euros pour un livre numérique avec un palier ensuite à 50 euros pour le papier. “Il faut surtout fixer l’objectif du prix à atteindre avec une date limite de 45 jours en moyenne, c’est ce qui créait la dynamique”, insiste Alexandre Boucherot, qui déclare un taux de succès de 65% pour les projets éditoriaux.
Le fondateur de la petite maison d’édition Les forges de Vulcain (15 à 17 titres par an), David Meulemans, a partagé avec l’assistance ses déboires lors de sa première campagne de crowdfunding, sur KissKissBankBank. Le lancement en prévente de l’édition française d’une bande dessinée de Vaughn Bodé, qu’il présente comme l’inventeur de la BD indépendante américaine, n’a pas été simple. “En tant qu’éditeur, on publie et on communique après: ici, il faut communiquer avant même le lancement de la page”, insiste-t-il. Il faut aussi réfléchir à la communication en fonction du projet. “Nous avons sollicité d’abord notre premier cercle de connaissances, comme cela est recommandé, mais les habitués de notre maison d’édition orientée littérature ne sont pas lecteurs de BD !” Les résultats n’ont commencé à arriver que lorsque l’éditeur a contacté des blogs d’amateurs de BD underground et des fans de graffitis. Fort de cette première expérience douloureuse, David Maulemans prévoit trois à quatre campagnes de crowdfunding par an. La deuxième est en cours pour publier un manuel pour les écrivains en herbe. Bonne nouvelle: selon le fondateur d’Ulule, plus les campagnes d’un porteur de projets sont nombreuses et plus les contributeurs suivent.