Essai/France 2 avril François Sureau

Qu'il soit permis ce mauvais jeu de mots. Pierre-Jean Jouve parlait en littérature de « scène initiale ». Avec L'or du temps qu'il nous offre aujourd'hui, François Sureau nous sert sur un plateau serti d'une érudition qui n'est jamais cuistre, sa « Seine initiale ».

De quoi est-il question ? De remonter le fleuve, ce qui n'est bien entendu, surtout pour un auteur féru d'histoire comme l'est François Sureau, pas la plus inélégante des façons de remonter le temps. On en apprend beaucoup dans ce livre où passent à la fois ceux dont celui-ci a épargné le souvenir et pour l'essentiel, d'autres, poètes, peintres, hommes d'église ou militaires qui n'eurent pas cette chance. Comme le fleuve, l'écrivain à qui l'on doit déjà Indigo ou Le chemin des morts (Gallimard, 2010 et 2013) peut donner l'impression d'y paresser, accostant aux rives de son récit selon son bon plaisir qui est alors aussi celui du lecteur. Cette « paresse » qui n'en est pas une au sens que l'on attribue d'ordinaire à ce mot est avant tout une morale littéraire. Ecrire c'est trouver son temps, son ton, s'arrêter, revenir en arrière, repartir, se laisser faire. En la matière, avec parfois une douce ironie, François Sureau s'y entend.

François Sureau
L'or du temps
Gallimard
Tirage: 6 000 ex.
Prix: 27,50 euros ; 848 p.
ISBN: 9782072888540

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