Édito par Fabrice Piault, rédacteur en chef

Photo PHOTO OLIVIER DION

Ils, ou plutôt elles, étaient là l’an dernier pour Emily Blaine ou Jojo Moyes. Elles sont revenues en force cette année. Les jeunes fans d’Anna Todd, de Marissa Meyer ou de Jay Crownover ont fait le week-end dernier le succès d’affluence de Livre Paris. Par dizaines et parfois par centaines dans les files d’attente, elles côtoyaient celles de la vedette de la fantasy Robin Hobb, de la star du feel-good book Raphaëlle Giordano ou des nouvelles papesses du roman populaire, Aurélie Valognes ou Virginie Grimaldi. Deux ans après l’annonce par le Syndicat national de l’édition, son propriétaire, et Reed Expositions, chargé de son organisation, d’une stratégie de "festivalisation" de l’ex-Salon du livre dans le cadre d’un accord triennal, force est de constater que son public et, partant, sa physionomie ont changé.

De quoi Livre Paris est-il le nom? Visuellement, la manifestation conserve son caractère de salon avec un plan organisé autour de ses stands traditionnels, même si des pans de l’édition universitaire et spécialisée et une partie de l’édition littéraire y sont moins présents. Elle a aussi pris des allures de festival avec une programmation plus travaillée et plus ludique qui séduit les visiteurs. Mais en captant des réseaux, des communautés de geeks et de passionnés de romans young adult, de romance ou d’autres littératures de genre, elle ressemble de plus en plus à une "convention" à l’américaine. Avec un avantage: on y vient pour rencontrer un auteur et lui faire dédicacer une pile de ses livres, et non pour obtenir sur un simple bout de papier l’autographe d’une starlette de Plus belle la vie, d’un chanteur, d’un sportif ou d’un humoriste en vogue, auteur de hasard et pas toujours écrivain de son livre.

Ces people sont pourtant bien là, du moins les plus engagés dans l’écriture. Emmenés par Gérard Depardieu, sans conteste le plus populaire porte de Versailles où il a dédicacé pendant une heure et demie, Francis Lalanne, Vikash Dhorasoo, Guillaume Meurice ou Elodie Gossuin témoignent avec Amélie Nothomb, Marc Levy ou Tatiana de Rosnay de la diversité persistante d’une manifestation qui se veut toujours à la fois parisienne et provinciale, littéraire mais pas trop, française et étrangère, professionnelle et grand public. A l’image du livre.

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