Grand intellectuel italien, homme de gauche, l'écrivain et philosophe Umberto Eco, auteur du célèbre roman
Le nom de la rose, est décédé à l'âge de 84 ans, ont annoncé dans la nuit de vendredi à samedi plusieurs médias italiens. Il souffrait d’un cancer. Umberto Eco est décédé vendredi vers 21h30 à son domicile, indique sur son site internet le quotidien
La Repubblica qui a contacté sa famille. Son éditeur français, Grasset a prévu de publier ses
Ecrits sur la pensée au Moyen-Âge le 13 avril prochain, tandis que la version poche de son dernier roman,
Numéro zéro, est annoncée pour le 30 mars au Livre de poche.
Né à Alessandria (nord de l'Italie) le 5 janvier 1932, Umberto Eco a étudié la philosophie à l'Université de Turin et consacré sa thèse au "
problème esthétique chez Thomas d'Aquin". Alors qu'il approchait de la cinquantaine, il réussit un coup de maître avec son premier roman publié en 1980,
Le nom de la rose. Traduit dans 43 langues, truffé de latin, le polar de ce sémiologue de renom à la rondeur affable a même été la cible d'éditions pirates, notamment en arabe sous le titre "Sexe au couvent"....
La source média référencée est manquante et doit être réintégrée.
Autre conséquence, non négligeable pour l'édition italienne, "Le nom de la rose
a relancé le roman en Italie et la littérature italienne à l'étranger. Les écrivains italiens ont à nouveau été traduits", souligne le critique et romancier italien Alain Elkann. Le livre a reçu le Prix Strega, le Goncourt italien, et le Prix Médicis étranger.
Le roman a été adapté au cinéma en 1986 par le Français Jean-Jacques Annaud avec Sean Connery dans le rôle du frère Guillaume de Baskerville, l'ex-inquisiteur chargé d'enquêter sur la mort suspecte d'un moine dans une abbaye du nord de l'Italie. Avec 5 millions de spectateurs dans les salles en France, ce fut l’un des plus gros succès des années 1980 au cinéma.
Cyrano par cœur
Umberto Eco, un petit-fils d'éditeur issu de la petite bourgeoisie, a raconté avoir commencé à écrire dès l'âge de dix ans des histoires dont il réalisait lui-même l'édition.
Ce spécialiste de l'histoire médiévale, qui a traduit Nerval en italien et qui connaissait par cœur Cyrano de Bergerac, a aussi travaillé pour la radio-télévision publique italienne Rai, l'occasion pour lui d'étudier le traitement de la culture par les médias.
Umberto Eco a enseigné dans plusieurs universités, en particulier à Bologne (nord) où il a occupé la chaire de sémiotique jusqu'en octobre 2007, date à laquelle il a pris sa retraite.
Affirmant
"écrire pour s'amuser", Il Professore - des yeux malicieux derrière des lunettes et une barbe blanche - était aussi bibliophile et possédait plus de 30 000 titres dont des éditions rares.
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Eco était un premier de la classe, très intelligent, très érudit. Il a incarné avec brio la figure de l'intellectuel européen. Il était aussi à l'aise à Paris et Berlin qu'à New York ou Rio", estime l'écrivain Alain Elkann.
Umberto Eco n'avait rien de l'écrivain enfermé dans sa tour d'ivoire et ce joueur de clarinette écrivait régulièrement pour l'hebdomadaire
L'Espresso.
Après la victoire aux élections législatives de Silvio Berlusconi en 2008, il avait consacré un article au retour de l'esprit des années 1940, regrettant d'"
entendre des discours semblables à ceux sur la défense de la race qui n'attaquaient pas seulement les Juifs, mais aussi les Tziganes, les Marocains et les étrangers en général".
La source média référencée est manquante et doit être réintégrée.
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Umberto Eco a eu une présence importante dans la vie culturelle italienne des 50 dernières années, mais son nom reste indéniablement lié, au niveau international, à l'extraordinaire succès de son roman Le nom de la rose", explique le
Corriere della Sera.
Umberto Eco et d'autres grands noms de la littérature italienne avaient décidé en novembre dernier de quitter leur maison d'édition historique Bompiani, récemment rachetée par le groupe Mondadori (propriété de la famille Berlusconi), pour en rejoindre une nouvelle et indépendante baptisée "La nave di Teseo" (le bateau de Thésée, le mythique roi d'Athènes), dirigée par Elisabetta Sgarbi, ancienne directrice éditoriale de Bompiani, fleuron du groupe RCS, éditeur en Italie d'Umberto Eco mais aussi du Français Michel Houellebecq. C’était son dernier combat, qu'il a mené aux côtés d'autres écrivains, dont Sandro Veronesi (
Chaos calme), pour protéger le pluralisme de l'édition en Italie après le rachat de RCS Libri par Mondadori.
L’écriture romanesque comme un jeu d’enfant
Polyglotte, marié à une Allemande, Umberto Eco a expliqué s'être mis sur le tard à la fiction car "
il considérait l'écriture romanesque comme un jeu d'enfant qu'il ne prenait pas au sérieux".
Après
Le nom de la rose, il a notamment offert à ses lecteurs
Le pendule de Foucault (1988),
L'île du jour d'avant (1994) et
La mystérieuse flamme de la reine Loana (2004). Son dernier roman,
Numéro zéro, paru en 2015 et programmé pour le 30 mars au Livre de poche. est un polar contemporain centré sur le monde de la presse. Tous ses romans (dont
Baudolino, prix Méditerranée étranger, et
Le cimetière de Prague) sont parus en France chez Grasset.
Umberto Eco est aussi l'auteur de dizaines d'essais sur des sujets aussi éclectiques que l'esthétique médiévale, la poétique de Joyce, la mémoire végétale, James Bond, l'art du faux, l'histoire de la beauté ou celle de la laideur. Il a également écrit avec Jean-Claude Carrière
N’espérez pas vous débarrasser des livres (2009) et des œuvres pour la jeunesse avec Eugenio Carmo. Il a enfin traduit
Exercices de style de Raymond Queneau en italien.
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Le beau se situe à l'intérieur de certaines limites tandis que le laid est infini, donc plus complexe, plus varié, plus amusant", expliquait-il dans une interview en 2007, ajoutant qu'il avait "
toujours eu de l'affection pour les monstres".
Son ouverture d'esprit ne l'empêchait pas de voir d'un oeil critique l'évolution de la société moderne. "
Les réseaux sociaux ont donné le droit de parole à des légions d'imbéciles qui, avant, ne parlaient qu'au bar, après un verre de vin et ne causaient aucun tort à la collectivité", a-t-il récemment déclaré, rappelle le quotidien
Il Messaggero.
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On les faisait taire tout de suite alors qu'aujourd'hui ils ont le même droit de parole qu'un prix Nobel. C'est l'invasion des imbéciles", avait-il dit.