La nouvelle a surpris dans le monde de l’édition et à l’intérieur de la maison : Leonello Brandolini, P-DG de Laffont, filiale d’Editis qu’il dirigeait depuis 1999, est remercié et quittera ses fonctions le 30 juin prochain. Il avait en charge les éditions Robert Laffont, mais aussi Julliard, Nil et Seghers. Le communiqué d’Editis, le 10 avril, annonce qu’il sera remplacé à ce poste par Alain Kouck, P-DG du groupe qui appartient au numéro un de l’édition espagnole, Planeta. Des résultats financiers décevants ces deux dernières années, un déménagement place d’Italie qu’il aurait refusé (la maison s’était installée avenue Marceau, dans le 8e arrondissement de Paris, avant son arrivée), sa résistance à une réorganisation du groupe, auraient contribué à la mésentente avec la direction d’Editis.

« Mon défi a été de créer un vrai groupe d’édition, nous avait confié Leonello Brandolini en 2011 lors d’un entretien à l’occasion des 70 ans de la maison (voir LH 873, du 19.8.2011, p. 18). Seghers était dans le giron de Laffont depuis les années 1960. Julliard, dans celui des Presses de la Cité, a été rattaché à Laffont quelques années avant mon arrivée. Nous avons accompagné Bernard Barrault et Betty Mialet dans leur redéploiement de la littérature française et la publication d’auteurs devenus phares comme Yasmina Khadra, Jean Teulé, Mazarine Pingeot. Nil s’est ouvert à la littérature étrangère, se positionnant entre “Pavillons? et “Best-sellers? avec bonheur. » Il annonçait la collection « R » pour les adolescents, lancée en janvier 2012.

Né le 31 mai 1950, fils du comte Brando Brandolini d’Adda et de la comtesse née Christiana Agnelli, Leonello Brandolini est diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris et titulaire d’une maîtrise de sociologie de Paris-4 Sorbonne. Il est entré dans l’édition en 1971 comme attaché de direction d’Hachette Littératures. Il a ensuite été attaché de direction chez Fayard, de 1975 à 1980, puis responsable des droits dérivés aux Editions n° 1, de 1980 à 1983. Il a consacré la majeure partie de sa carrière au poche, dont il dit qu’il « l’a intéressé et formé [et lui] a permis de [se] confronter à ce que le public aime, sans avoir d’a priori sur les genres » : il a été directeur du Livre de poche de 1983 à 1987, avant de prendre la direction de Presses Pocket en 1987, puis de devenir P-DG d’UGE Poche (aujourd’hui Univers Poche, comprenant Pocket, Pocket Jeunesse, Le Fleuve noir et 10/18) en 1992. Il continuait à défendre ce secteur « qu’il ne faut pas concurrencer par une offre numérique à un prix trop bas, pour éviter ce qui s’est passé aux Etats-Unis ». Claude Combet