"Aujourd'hui, comme plus de 10 % des livres sont vendus par Internet, de nombreux libraires se préparent à prendre leur part du gâteau, en développant leur propre site, en se regroupant sur des plateformes de plus en plus dispersées ou encore en participant aux marketplaces de géants, parfois en faisant tout à la fois. La géolocalisation est à la mode, les portails font vivre des armées de consultants.
Il faut montrer que la librairie évolue, vit avec son temps et se tourne vers les nouvelles technologies mais, ainsi que l'échec du portail 1001libraires.fr semblerait le montrer, est-ce qu'elle ne se trompe pas depuis le début ? Pour concurrencer Internet, il faut pouvoir obtenir les ouvrages en librairie très rapidement, dans l'idéal en 24 heures. Le nerf de la guerre devrait être, par une réflexion sur toute la chaîne de réapprovisionnement, le raccourcissement des délais de livraison, pas l'imitation des leaders d'Internet. S'ils sont les meilleurs dans leur domaine, soyons les meilleurs dans le nôtre. Le métier de libraire est d'inciter et de donner envie, de créer des lieux de vie, beaux et accueillants, des lieux de rencontre et d'échange, pas de préparer des colis dans une réserve...
Que nos librairies ne deviennent pas des boutiques d'informatique, qu'on n'y entende pas des discours tels que : "Avez-vous flashé le nouveau firmware ? Les formats ePub, Cbz et PDF ne sont plus compatibles." Non, pitié, que les libraires ne proposent pas la vente de liseuses comme cela est visiblement à l'étude.
Le cinéma et surtout la musique sont passés par là : numérique = fichiers disponibles gratuitement sur le Net = fin des haricots. Pourquoi les choses seraient-elles différentes pour le livre ? Quand un éditeur vend un livre numérique, le fichier va se retrouver aussitôt, malgré les dispositifs anti-copie, en libre accès sur la Toile. Le modèle économique de vente des fichiers en place des livres papier semble pour le moins compromis.
S'il faut absolument alimenter les liseuses, l'éditeur doit céder un code de téléchargement du fichier numérique avec le livre papier, cela donnerait ainsi aux deux supports une chance de cohabiter, de se compléter. Quant à la vente des fichiers en librairie, cela reste utopique de croire que les clients se déplaceront demain, alors que tout sera à portée de clic à la maison.
Il y a du monde derrière l'objet livre, des savoir-faire, du métier, des talents et une histoire. Derrière les auteurs et les maisons d'édition, il y a des imprimeurs, des graphistes, une filière papier, des sociétés de diffusion, de distribution et de transport. Et en 2012, tout ça a plus que jamais besoin d'être défendu, avec force..."
