14 février > Essai France > Diana Cooper-Richet

Lors du 35e sommet franco-britannique à Sandhurst, le président Macron a eu un geste diplomatique fort pour célébrer l’amitié entre les deux nations : il a autorisé le prêt de la célèbre tapisserie de Bayeux retraçant la conquête de l’Angleterre en 1066 par Guillaume, duc de Normandie. Près de mille ans que ce trésor n’aura pas quitté le sol français. Mais les liens politiques et culturels de part et d’autre de la Manche (appelée "English Channel" par les Anglais) n’avaient pas, bien sûr, attendu le nouveau locataire de l’Elysée pour se concrétiser : deux guerres mondiales, et avant cela une historique Entente cordiale scellée entre Victoria et Louis-Philippe, avaient rapproché les deux pays. Le plus grand facteur de concorde étant l’afflux constant de visiteurs britanniques ou de "touristes", comme on les appelait déjà, d’après ce voyage initiatique, le Grand Tour du "Continent" qu’effectuait tout gentleman qui se respecte. Ainsi, dès les XVIIIe et XIXe siècles s’établissent de ce côté-ci du Channel des colonies anglaises où la bonne société anglophone, tout en jouissant du bord de mer à Dieppe, à Cannes, à Nice, se réunissait afin de sacrifier à ses rites immuables, le thé, le cricket, le rugby, la messe anglicane, et ce jusqu’à aujourd’hui. Nombre de coins de France sont devenus british, par exemple la Dordogne. Juste retour des choses, diraient-ils, puisque les Anglais, par le mariage d’Aliénor d’Aquitaine avec le roi d’Angleterre Henri Plantagenêt, possédaient cette partie du Sud-Ouest avant que la guerre de Cent Ans la leur fit perdre. Anglomanie sous la Restauration, anglophobie cocardière… Entre Marianne et Albion, c’est parfois "je t’aime moi non plus". Mais toujours une passionnante histoire d’échanges que relate avec une élégante érudition Diana Cooper-Richet dans La France anglaise. Excellent antidote à l’atmosphère délétère du Brexit.

S. J. R.

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