Cela fait bien deux décennies que des auteurs de bande dessinée, dont d'ailleurs le dessinateur Jean-Christophe Chauzy, qui signe Revanche avec Nicolas Pothier, s'emparent des questions sociales sur divers tons. Avec Revanche, qui ne tire pas seulement son titre de l'esprit du même nom, mais surtout du patronyme prédestiné de son personnage principal, Thomas Revanche, les deux auteurs ont pris le parti de la légèreté et de l'espièglerie, fussent-elles souvent un peu acides.
Thomas Revanche donc, assistant de la présidente de l'organisation patronale Modef, Laurence Prissard (oui, toute ressemblance... n'est pas fortuite), mène un double jeu et même une double vie. Profitant des informations qui passent entre ses mains, il se pose discrètement, depuis le fond d'une librairie d'ancien à l'enseigne des Raisins de la colère, en recours des salariés injustement licenciés, victimes de brimades racistes ou d'escroqueries immobilières, ou encore mis sur le carreau à la suite d'une délocalisation. Tel une sorte de super-héros, il intervient en redresseur de torts.
Organisé en six séquences correspondant chaque fois à une nouvelle intervention du justicier à peine masqué, l'album, riche en clins d'oeil scénaristiques et graphiques à des faits s'étant réellement déroulés, tient de la pochade. Il faut voir comment Thomas Revanche poursuit jusqu'en Chine un patron voyou pour le confondre avec l'aide de la nièce du patron d'un restaurant chinois de Paris. Ou comment il oblige un autre à renoncer à des indemnités exorbitantes. Mais Revanche est aussi, en pleine campagne présidentielle, un coup de projecteur amer sur les facettes les plus sombres du monde de l'entreprise d'aujourd'hui.