13 avril > Jeunesse France

Son vrai nom est Janisse. Du nom de la célèbre chanteuse à la voix éraillée pour qui son père en pinçait. Mais il n’en reste plus grand-chose. Seulement un moignon de syllabe : Jan. Et de son père non plus d’ailleurs, vu l’état de délabrement dans lequel il rentre tous les soirs à la maison. Pas vraiment un mauvais bougre, le daron chômeur, mais une sacrée bonne descente ! Impossible de décrocher, malgré les Alcooliques anonymes. Du haut de ses onze printemps, Jan vérifie au quotidien que la vie n’est pas toujours une partie de plaisir. Ce qui ne l’empêche pas de se marrer avec ses potes, avec qui elle vole des bonbecs au Franprix.

Un jour, sa petite existence qui tenait cahin-caha s’effondre. Une fois de plus le paternel rentre éméché. Pour la mère, c’est une fois de trop. Résultat, les services sociaux s’en mêlent : placement en foyer, puis en famille d’accueil. Mais Jan prendra les devants et la tangente.

Avec une telle histoire d’enfance massacrée, le risque de pathos est élevé. L’auteure l’évite avec talent et doigté. Sa petite Jan a une pêche survitaminée et un caractère bien trempé. Si on lui cherche des noises, on la trouve illico. Sa langue est à son image. Pétillante, inventive, rafraîchissante et impertinente à souhait. Jan s’emmêle les pinceaux dans les mots et les expressions, ce qui donne, par exemple, "voilà, on s’en redoutait et c’est arrivé", ou "y a des gens qui sont dénudés d’intelligence". Qui dit mieux ? Sa vision du monde est elle aussi poilante, la petite a peur "des sadiques d’enfants" qui, selon elle, sont toujours au volant de "camionnettes blanches sans fenêtres à l’arrière". Il faut dire que Jan a de qui tenir. Son mentor devant l’Eternel n’est autre que l’Antoine Doinel des 400 Coups. Fabienne Jacob

15.04 2016

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