Lecteur de polars depuis toujours, la "Série noire", Manchette et d’autres, Thierry Marx a éprouvé l’envie de passer à l’acte à son tour. Ne se prétendant pas écrivain, le cuisinier s’est associé à son amie Odile Bouhier, scénariste et auteure de polars historiques, dans un rapport de vrai dialogue, où chacun apporte ses idées et son savoir-faire à l’œuvre commune. Mais les univers abordés (la police, le 36, quai des Orfèvres, la culture japonaise et la cuisine) sont bien évidemment ceux du très atypique chef pluri-étoilé et multi-toqué du Mandarin oriental.
Le héros, dont ce sera la dernière enquête, même s’il réchappe à la blanquette qu’il déguste à la fin, à Tokyo, préparée par Suzanne, l’inquiétante fille du chef Eliott Principal, décédé pour cause d’yeux de fugu, s’appelle Achille Simmeo. Un vieux flic mélancolique, dépressif depuis l’assassinat de sa femme, la belle Chloé, snobé par ses jeunes collègues mais excellent limier. Comme Colombo, il ne lâche rien. Aussi les morts, en apparence naturelles, à Paris et à Tokyo, de cinq membres du tout-puissant clan de yakuzas Santoka, vont-elles stimuler ses "petites cellules grises". Au terme d’une enquête serrée, subtile, ce n’est qu’au Japon qu’il aura le fin mot de toute l’histoire : les victimes ont été frappées par une terrible vengeance "moléculaire", qui trouve son explication, comme toujours, dans le passé. Simmeo, lui aussi, enfant adopté descendant de mafieux corses, a des comptes à régler avec le sien. Ce sera peut-être pour le prochain épisode, s’il réchappe à la blanquette fatale.
Jean-Claude Perrier