Lyon entretient de longue date avec la Chine une relation privilégiée dans laquelle la bibliothèque occupe une place stratégique. A tel point que le président chinois, Xi Jinping, a fait de Lyon la première étape de sa visite d’Etat en France fin mars. Le 26 mars, il y inaugurait le futur Centre pour la promotion des relations entre Lyon et la Chine, en présence du ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, et du sénateur-maire de Lyon, Gérard Collomb. Le lieu choisi pour cette nouvelle institution, qui devrait être opérationnelle d’ici à la fin de l’année, est hautement symbolique puisqu’il s’agit du site de l’ancien Institut franco-chinois. Pendant vingt-cinq ans, de 1921 à 1946, celui-ci a accueilli 473 étudiants venant de Chine, avec l’objectif de former une élite pour la toute jeune République.
Le futur centre, qui abritera le musée de l’histoire de l’Institut franco-chinois de Lyon, aura pour mission d’élaborer un programme culturel et événementiel rassemblant les contributions de différents partenaires, institutionnels mais également privés ou associatifs. "Ce sera un espace mis à la disposition de tous les acteurs locaux ayant un lien avec la Chine", promet Christophe Meunier, responsable des relations internationales au Grand Lyon. Le 26 mars, la cérémonie protocolaire a pris un tour émouvant lors de la rencontre du président chinois avec Li Tche-houa, ancien pensionnaire de l’Institut, aujourd’hui quasi centenaire, résident lyonnais et traducteur notamment du Rêve dans le pavillon rouge, un classique de la littérature chinoise du XVIIIe siècle. L’autre temps fort a été la présentation de l’exposition sur l’histoire de l’Institut, élaborée à partir de documents issus du fonds chinois de la bibliothèque municipale de Lyon (BML). La visite était assurée, en chinois, par Marc Gilbert, l’un des deux bibliothécaires en charge du fonds. "Le président a eu l’air très intéressé, témoigne celui-ci. Il a pris en main plusieurs des documents originaux que nous avions sortis pour l’occasion".
60 000 documents.
Dans les années 1970, la toute nouvelle bibliothèque de la Part-Dieu a en effet récupéré les collections de l’Institut laissées à l’abandon, ainsi que ses archives. Le fonds chinois compte 60 000 documents. Il est centré sur la Chine du XXe siècle, même s’il s’ouvre aujourd’hui aux grandes questions qui traversent la Chine contemporaine. "Son originalité par rapport à d’autres collections présentes en France est d’avoir été constitué par des Chinois et non des Français, souligne Marc Gilbert. Il contient des ouvrages quasiment introuvables ailleurs, y compris en Chine." Les collections sont enrichies régulièrement par des dons de bibliothèques de particuliers et par les acquisitions de la BML auprès d’un libraire de Hongkong.
Ce fonds bénéficie également des échanges de documents que la BML pratique avec les trois bibliothèques chinoises avec lesquelles elle a passé des accords de partenariat, à Canton, Shanghai et plus récemment Pékin. Les collaborations avec ces établissements sont nombreuses malgré la distance. La bibliothèque de Lyon est systématiquement invitée au forum Fenêtre sur Shanghai organisé tous les deux ans à Shanghai, où la BML a un accord avec la bibliothèque depuis 2005. L’année dernière, le maire de Canton avait fait le déplacement à Lyon pour la signature du mémorandum officialisant les relations amorcées à la fin des années 1990 entre la BML et la bibliothèque de Canton. En octobre 2013, la BML a participé au forum organisé par la bibliothèque de la Capitale à Pékin pour fêter son centenaire et en a profité pour signer un mémorandum de coopération avec cette dernière. Outre les échanges de documents, les partenariats prévoient également des échanges de personnels et d’expositions. Celle prévue par la BML à l’occasion de la tenue du congrès de l’Ifla à Lyon, en août prochain, mettra en valeur une cinquantaine de documents précieux conservés dans le fonds ancien de la bibliothèque de Lyon, dont dépend le fonds chinois. Une sélection d’une quinzaine d’ouvrages parmi ceux exposés sera numérisée et accompagnée de cartels traduits en chinois pour constituer une exposition virtuelle. <