Ce très beau livre sert de catalogue à l’exposition "Bakst" du 22 novembre au 5 mars, à l’Opéra de Paris, mais est aussi un recueil d’essais originaux, accompagnés d’une iconographie exceptionnelle et en partie inédite. Il a pour ambition de dresser le portrait d’un des artistes les plus singuliers de la fin du XIXe siècle et du début du XXe, Lev Samoïlovitch Rosenberg, qui deviendra Léon Bakst. Juif né en Biélorussie en 1866 dans une famille modeste, mort à Paris en 1924, après une carrière riche et protéiforme, honoré par toute l’avant-garde de l’époque. A son enterrement, Picasso, entre autres.
Le nom de Bakst est indissociable des fameux Ballets russes, où il a fait partie du premier noyau, avec Diaghilev, rencontré à Saint-Pétersbourg dès 1890. En leur sein, il participa, en tant que costumier, décorateur, à tant de créations mythiques, dont, en 1912, L’après-midi d’un faune, d’après Mallarmé, ballet de Nijinsky sur une musique de Debussy. Mais Bakst fut aussi dessinateur, peintre, écrivain, et créateur de mode pour Jeanne Paquin. Yves Saint Laurent et Karl Lagerfeld, parmi les grands couturiers, se sont revendiqués de son inspiration, comme, dans d’autres domaines, Chagall ou André Barsacq, ses disciples.
L’écrivain Stéphane Barsacq, petit-fils d’André et co-commissaire de l’exposition, a d’ailleurs largement participé à l’ouvrage, rappelant notamment les influences orientales de Bakst et sa proximité avec les écrivains : Proust, Cocteau, Tchekhov, Morand… Même Gide, avec qui Bakst projetait un Antoine et Cléopâtre. L’affaire ne se fit pas. Demeure un univers fascinant, celui d’un enchanteur au charme envoûtant, à (re)visiter. J.-C. P.