De Benjamin Bachelier, un dessinateur et peintre, qui aime travailler la couleur, on se souvient de Dimitri Bogrov et d’Ulysse Wincoop, avec Marion Festraëts au scénario, ou encore de l’adaptation de Gatsby le magnifique, avec Stéphane Melchior (tous chez Gallimard). C’est avec ce dernier qu’il réalise Taïpi, d’après le roman autobiographique éponyme d’Herman Melville, qui permet à Benjamin Bachelier de jolis clins d’œil à Gauguin.

C’est en effet aux îles Marquises, où cet inspirateur du fauvisme est mort et enterré en 1903, qu’aborde, en 1841, le baleinier américain sur lequel Tom et Toby naviguent depuis six mois sans toucher terre, et sans la moindre baleine à se mettre sous le harpon. Ces marins d’occasion n’ont qu’une envie : déserter. Ils vont le faire en profitant de la nuit et des pluies diluviennes. Ils s’enfoncent dans la jungle, espérant éviter les Taïpis, à l’est, réputés cannibales, pour se réfugier chez les Hapaas, à l’ouest, plus amicaux, en attendant d’embarquer sur une frégate française.

Après quelques jours dans une nature luxuriante, avec reptiles et perroquets, à s’entraîner avant l’heure pour "Koh-Lanta", ce sont bien sûr... les Taïpis qu’il rencontrent. Ceux-ci ne sont pas si méchants, et les auteurs traitent avec une extrême finesse du choc des civilisations. Mais le paradis des naufragés va pourtant tourner à l’enfer. Fabrice Piault