Remis dans la soirée du 15 novembre au Fluctuart, à Paris, le prix des Plumes francophones est revenu cette année à Christian Clément, auteur autoédité du roman de science-fiction Dark Gravity. Pour sa 8e édition, ce concours d’écriture organisé par Amazon dans le cadre de son service d’autoédition Kindle Direct Publishing (KDP) a une nouvelle fois confirmé sa montée en puissance avec quelque 1 860 manuscrits reçus de plus de 50 pays, contre un peu plus de 1 500 et 37 pays l’an dernier.
Dotée de 10 000 euros, la récompense permet au lauréat de bénéficier d’un accompagnement et d’une mise en avant de son roman sur les supports d’Amazon ainsi que de l’opportunité d’en faire produire une version audio par Audible. Pour Christian Clément, c’est une nouvelle aventure qui s’ouvre. Interrogé par Livres Hebdo, l’auteur indique avoir vendu autour de 500 exemplaires de Dark Gravity depuis sa parution en mai dernier. « Il s’agit de mon premier roman. J’ai eu la chance d’avoir plusieurs bonnes critiques sur les réseaux sociaux », explique ce scénariste de profession, qui a bien conscience de la nécessité de communiquer s’il veut multiplier ses ventes.
Le marketing d'abord
La lauréate 2022 Charlotte Deleval avait écoulé 300 exemplaires de son roman Les bannis. Les premières pierres au moment de recevoir son prix. Un an après, elle a atteint les 1 000 unités. « J’aurais pu faire beaucoup plus, mais je n’ai pas pu m’investir autant que je l’aurais souhaité, car j’ai accouché trois jours après la cérémonie », se remémore l’intéressée, qui espère relancer l’intérêt des lecteurs en publiant prochainement les tomes 2 et 3 de sa série.
Membre du jury et figure de l’autoédition, Jupiter Phaeton confirme, elle aussi, l’importance du marketing. « Nous sommes sur un marché centré sur l’ebook et qui ne fonctionne pas du tout comme le marché de la librairie, rappelle-t-elle. Chaque auteur doit avant tout identifier le genre littéraire de son livre et surtout, il doit communiquer. Si vous n’expliquez pas à votre audience de quoi parle votre livre, elle ne s’y intéressera pas. » Autrice de plus de cinquante livres depuis 2018 – elle en publie en moyenne un par mois –, Jupiter Phaeton a vendu près de 500 000 exemplaires de l’ensemble de sa production, pour un total d’un peu plus d’un million d’euros de redevances. « J’ai atteint ce seuil la semaine dernière », ajoute cette autrice ultra prolifique très suivie sur les réseaux sociaux.
Le POD à Brétigny-sur-Orge
La cérémonie de remise du prix des Plumes francophones a aussi été l’occasion d’aborder d’autres enjeux d’Amazon. L’ouverture du service d’impression à la demande sur le site de distribution de Brétigny-sur-Orge (Essonne), inauguré en avril 2023, permet d’assurer plus rapidement la production et la livraison des livres autoédités en France. Ce service d’impression à la demande, ou « print en demand » (POD), est également mis à la disposition des éditeurs : petites et moyennes maisons d’édition figurent parmi les clients d’Amazon, qui n’en communique cependant ni le nombre ni l’identité. « Des milliers d’éditeurs du monde entier profitent de nos capacités POD, allant des presses indépendantes aux auteurs et aux grands éditeurs », précise à Livres Hebdo Géraldine Codron, responsable catégorie livres chez Amazon France. Le géant américain disposait déjà de services de POD en Allemagne, au Royaume-Uni, en Italie et en Pologne ; le lancement du POD en France a été l’un de ses enjeux phares de 2023.
Tout comme l’obligation, entrée en vigueur en octobre, de facturer trois euros de frais de port pour les achats de livres dans des commandes inférieures à 35 euros : l’entreprise a déploré une mesure qui « pénalisera les lecteurs, les auteurs et la lecture en général » et qui « forcera de nombreux Français à renoncer à certains de leurs achats de livres ou à supporter des coûts supplémentaires, surtout dans les territoires qui ne disposent pas de librairies, c'est-à-dire dans plus de 90 % des communes du pays », affirme Géraldine Codron.
Se protéger contre les abus de l'IA
Quant aux enjeux liés à l’intelligence artificielle, Amazon n’a pas encore adopté de position définitive, accordant une certaine latitude aux auteurs KDP : « Nos directives de contenu pour KDP exigent désormais que les auteurs et les éditeurs nous informent avec précision si leur contenu est généré par l'IA. Pour le moment, nous ne présentons pas cette information aux clients, mais nous pourrions choisir de le faire à l'avenir. Nous avons également récemment réduit les limites de volume que nous avons établies pour les nouvelles soumissions des éditeurs KDP afin de nous protéger contre les abus. Bien que nous autorisions le contenu généré par l'IA, nous n'autorisons pas le contenu généré par l'IA qui enfreint nos directives de contenu, y compris le contenu qui crée une expérience décevante pour le client », conclut Géraldine Codron.