Autant de premières fois

L’auteur, Olivier Liron (Danse d’atomes d’or), et son éditeur, Jean-Maurice de Montremy (Alma). - Photo Olivier Dion

Autant de premières fois

Ils traitent de la quête identitaire des femmes ou de la beauté et du hasard de la première rencontre amoureuse : 66 primo-romanciers, un nombre quasi équivalent à celui de l’an passé, mais sur un total moindre de romans français, font leurs premiers pas en littérature à l’occasion de cette rentrée.

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Par Agathe Auproux,
avec Créé le 01.07.2016 à 01h30

Ily avait 68 premiers romans à l’automne 2015, ils sont 66 cette année. Les éditeurs poursuivent avec stabilité leur quête de nouvelles voix, certains plus massivement que d’autres. Quatre maisons majeures, Albin Michel, Flammarion, Gallimard et Stock publient chacune trois premiers romans. Il en va de même pour la maison d’édition alsacienne Jérôme Do Bentzinger, qui parie elle aussi sur trois nouveaux auteurs.

Parmi ces primo-romanciers, une fois n’est pas coutume, beaucoup plus d’hommes (39) que de femmes (26), et une originalité, le collectif Ajar, pour Association de jeunes auteur-e-s romandes et romands, qui explore les potentialités de la création littéraire en groupe. Les journalistes et les enseignants restent majoritaires dans ce cru 2016, où se distinguent Arnaud Sagnard, directeur des pages tendances de L’Obs, Anne Glacet, professeure d’anglais remplaçante, Anaïs Llobet qui travaille pour l’AFP Moscou, ou encore Frédéric Gros qui enseigne la pensée politique à Sciences po. Le cinéma, la télévision et le théâtre sont également bien représentés parmi les impétrants, qui comptent notamment les actrices Lou Bohringer et Charlotte Valandrey, les réalisateurs Stéphane Benhamou ou Négar Djavadi, et le dramaturge Guy Boley, à côté d’une éditrice d’Albin Michel, Maëlle Guillaud. Venus de milieux bien éloigné des industries culturelles, Patrice Gain est ingénieur en environnement, Catherine Noll travaille dans les assurances et Thomas Giraud est docteur en droit. Mentions spéciales pour François Mayer qui signe son premier roman à l’âge de 91 ans et à Line Papin qui a écrit le sien à 21 ans.

L’auteure, Elitza Gueorguieva (Les cosmonautes ne font que passer), entourée de ses éditeurs, Yves Pagès et Jeanne Guyon (Verticales).- Photo OLIVIER DION

La quête de soi

Petite fille, en pleine adolescence ou à l’âge adulte, la femme dans sa quête identitaire fascine quelques-uns des primo-romanciers de la rentrée 2016. L’héroïne d’Elitza Gueorguieva, dans Les cosmonautes ne font que passer (Verticales), grandit au milieu des changements de la Bulgarie, de la dictature de la fin des années 1980 au postcommunisme. Damien Desbordes, chez Sulliver, met en scène Ambre dans Au pays des femmes cachées, jeune amnésique qui vit dans un foyer et décide de partir pour la Palestine, pour se reconstruire. Dans Une poupée au pays de Daech, chez Alma, Eli Flory livre un récit sur le corps des femmes, leur place dans la société, le rôle qu’elles jouent et qu’on leur fait jouer.

Premier roman, première rencontre

L’amour, thème récurrent s’il en est, est cette année particulièrement traité à travers le prisme de la première rencontre. Chez Elisa Shua Dusapin dans Hiver à Sokcho (Zoé), une jeune Franco-Coréenne tombe amoureuse d’un auteur de bande dessinée en quête d’inspiration. Dans Lithium (Albin Michel) d’Aurélien Gougaud - le fils du conteur Henri Gougaud -, elle est sur le point de partir en Australie, lui est commercial à La Défense. Ils ont tous deux 25 ans, et leur rencontre est partagée entre la fougue de vivre intensément et la peur de s’engager. Chez Serge Safran, dans L’amour hors sol, Mathias Lair raconte une "deuxième première rencontre" à travers ses protagonistes Alexia et Frédéric, qui se retrouvent vingt ans après pour enfin s’aimer pleinement. Ils vivent le bouleversement de la première fois, des jeux de petite perversité jusqu’à la réinvention des sentiments.

Deux ovnis

Les premiers romans de Catherine Baer, chez Jérôme Do Bentzinger, et d’Ali Zamir, au Tripode, se démarquent par leur forme narrative. Le premier, Darius à Grendelbruch, adopte le point de vue d’un chiot, jeune teckel de quelques mois, qui raconte ses premières vacances dans un petit village d’Alsace avec ses maîtres. Le deuxième, Anguille sous roche, le plus original, tient en une seule phrase qui fait 320 pages. Ali Zamir fait parler une femme sur le point de se noyer dans l’océan Indien. Ce premier roman, sans autre point que celui de la toute fin du livre, est son dernier souffle. A. A.

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