Toujours plus à l’ouest ! Telle est la devise de Jean-Luc Coatalem. Dans Le gouverneur d’Antipodia (Le Dilettante, 2012, prix Roger-Nimier, repris chez J’ai lu), l’écrivain et journaliste nous avait déjà emmenés dans une île perdue et tempétueuse. Fortune de mer nous entraîne cette fois vers l’île d’Ouessant.
Un samedi de septembre, un vol décolle d’Orly avec à bord Robin Lescop, docteur en biologie animale. Consultant scientifique pour un groupe franco-suédois de cosmétique, Lescop vient contrôler les abeilles noires de l’île, qui produisent un miel sucré et iodé fort prisé.
Pendant le vol, Lescop ne peut s’empêcher de reluquer Lucia Parma. La belle brune assise devant lui sent la poudre et la bergamote. Espagnole, Lucia est mandatée par El País pour un reportage. Ce qui ne va pas l’empêcher de laisser libre cours à ses talents d’artiste. De prendre le temps de se photographier en pleine nature.
Dans la carlingue, il y a aussi un grand druide à la barbe blanche et à la peau parcheminée. Le dénommé Gwenc’hlan Le Gaoulec voyage avec sa crosse à volute pliable et son page. Il se rend à Ouessant afin d’y célébrer le mariage celtique d’un ancien patron pêcheur de Concarneau. Sur place, il faudra aussi compter avec la présence de Vassili. Un chanteur ténébreux, fougueux, aussi respecté que craint. Ce drôle de zèbre qui évoque fortement Miossec peut écouter Iggy Pop à plein volume et s’inspirer de Tristan Corbière et de ses Amours jaunes pour ses textes…
"Qui voit Ouessant voit son sang", prétendent de longue date les marins. Qui ouvre l’électrique Fortune de mer s’apprête à y croiser des hommes et des femmes amenés à lutter avec les vents contraires. Et surtout avec eux-mêmes et avec leurs démons, tant il est facile de perdre la tête et la raison dans un décor aussi somptueux. Ce qui ne doit pas empêcher le lecteur, bien au contraire, d’aller faire un tour du côté de l’eau couleur d’huître de la mer d’Iroise ! Al. F.