Asne Seierstad a été condamnée pour Le libraire de Kaboul

Asne Seierstad

Asne Seierstad a été condamnée pour Le libraire de Kaboul

L'auteure norvégienne a été reconnue coupable de diffamation et pratiques journalistiques négligentes par la Cour d'Oslo.

Par Vincy Thomas,
avec vt Créé le 15.04.2015 à 21h52

Asne Seierstad, ancienne correspondante de guerre et écrivaine norvégienne la plus célèbre, a été condamnée par la Cour d'Oslo vendredi 30 juillet à verser 125 000 couronnes norvégiennes (environ 15 900 euros) pour violation de la vie privée, diffamation et pratiques journalistiques négligentes envers la famille de Shah Mohammed Rais, le libraire qui inspira le personnage de Sultan Khan dans son récit, Le libraire de Kaboul.

L'éditeur norvégien Cappeln Damm a aussi été condamné à payer les frais juridiques (76 000 euros). En France, JC Lattès avait édité le document, par ailleurs primé par les lecteurs du livre de poche. Le livre, vendu à 2,7 millions d'exemplaires dans le monde, a été traduit en 29 langues, et reste la meilleure vente d'essai dans l'histoire de la littérature norvégienne.

L'auteure norvégienne avait vécu cinq mois chez le libraire afghan. De ses observations, elle avait dressé un portrait d'un pays en plein chaos avec la chute des Talibans. Mais la deuxième femme du libraire, Suraia Rais, estime que le roman reflète sa famille de manière mensongère et humiliante, se sentant ainsi "violée".

Le tribunal lui a donné raison. Les retranscriptions des paroles de Suraia Rais sont formulées de manière réaliste alors qu'elles ne pouvaient pas être prouvées avec précision. De même l'étalage de la vie privée d'autrui dans l'ouvrage à des fins commerciales a été sanctionné.

Cette condamnation ouvre la voie à d'autres plaintes. On sait depuis deux ans que Mohammed Rais, qui a demandé en vain l'asile politique à la Norvège et à la Suède, veut la poursuivre et lui réclamer 5 millions de dollars de dommages et intérêts. Il a aussi écrit un livre pour répliquer à l'écrivaine : Once upon a time there was a bookseller in Kabul.

Depuis la condamnation, sept autres membres de la famille ont décidé de porter plainte. D'autant qu'ils ne cachent pas leur rage contre l'écrivaine, accusée d'avoir insulté la culture afghane et déshonoré leur peuple.

L'écrivaine compte faire appel. Son avocat a déclaré que l'affaire pourrait finir auprès de la Cour européenne des droits de l'Homme. Dans un entretien au Guardian, elle s'interroge : « Si je perds, alors je dois admettre que ma façon d'écrire des livres n'est pas la façon souhaitée par la société. Je vais obtenir un prêt et payer l'argent que le tribunal demande. Mais je ne vais pas changer mon écriture et je réaffirme que c'était un livre important à écrire. » « Ce n'est pas possible d'écrire une histoire neutre » conclut-elle.

15.04 2015

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