« Les secrets sont parfois nécessaires. Pour se protéger. » Mais ils peuvent aussi entraîner une chute dévastatrice. Tel est le fil rouge du nouveau roman de Jessie Burton. L'auteure londonienne du best-seller mondial Miniaturiste entrouvre une fois de plus les portes de l'âme, à commencer par celle d'Élise, que l'on suit dès 1980. Cette femme, mystérieusement disparue, a longuement été spectatrice de sa vie. Malgré sa beauté, elle s'est toujours sentie invisible. « Elle voulait ressembler à Kahlo, connaître le moindre centimètre brisé d'elle-même et l'accepter. » Pas étonnant que cette personnalité solitaire soit attirée par une figure mythique et solaire, Constance Holden. Celle-ci surfe sur le succès d'un livre qui va être adapté à Hollywood et propose à Élise de prolonger leur relation fusionnelle dans cette ville de tous les mirages. Mirages dont le visage de Barbara Lowden - qui n'est pas sans rappeler celui de l'actrice et réalisatrice Barbara Loden - est la preuve. Cette star a été choisie pour interpréter le rôle principal dans le film de Constance, mais elle est l'inconstance même. « L'art n'était pas la vérité, c'était un mensonge raconté pour dire la vérité. » Il finit par ronger Élise, qui ne sait plus à quel saint se vouer.

En 2017, c'est une quête de vérité qui pousse Rose à enquêter sur cette femme volatilisée, Élise, sa mère. Pourquoi l'a-t-elle abandonnée, bébé, sans laisser la moindre trace ? La seule qui pourrait l'aider est Constance, qui a brusquement cessé d'écrire il y a trente ans. Existe-t-il un lien entre ces deux événements ? La romancière estime que « toutes les femmes ont droit au privilège de l'échec ». Celui de Rose étant de ne pas parvenir à s'ancrer, dans son couple ou son existence, tant qu'elle ne saisira pas le passé de sa mère. Son père aimant, mais silencieux, ne l'aide guère, alors elle entreprend sa propre quête. « Je ne savais plus qui j'étais, ni ce que j'étais censée faire. » Assaillie de peurs et de doutes, elle contacte Constance sans lui révéler sa véritable identité. Cette dernière va toutefois lui signaler « je crois en réalité... que c'est vous-même, que vous cherchez ».

Le roman oscille, tel un pendule, entre l'histoire d'une mère et celle de sa fille. Mais en passant d'une époque à l'autre, l'auteure retrace aussi le portrait d'une ère, littéraire ou cinématographique, dans laquelle les femmes avaient du mal à se trouver.